Pour un 1er Mai 2009 unitaire et massif – deux propositions pour une révolution salariale et fiscale

Le 1er Mai 2009 revêt une importance particulière et essentielle. Même si des progrès ont été constatés dans l'unification des luttes sociales, salariales, contre la majorité et le gouvernement, le compte n'y est pas encore. Trop de manifestations ont lieu en autonomie, de manière séparée. Ce 1er mai est une occasion historique pour être, enfin, "tous ensemble", au-delà du slogan. Mais cela ne sera pas suffisant. Un pouvoir volontairement autiste ne peut ni ne veut ni changer ni comprendre. Il faut préparer l'après. Ci-dessous, vous trouvez deux propositions pour une révolution salariale et fiscale : un nouveau salaire, calculé sur de nouveaux éléments (indice en fonction de l'activité, prise en compte des bénéfices de l'entreprise) et un impôt sur la dépense et non plus sur le seul revenu. Pourquoi, comment ? 

La stagnation des salaires depuis 20 ans a constitué en fait une régression puisque l'augmentation des coûts a été régulière, importante et donc non compensée. Quand un salaire de 10000 FF constituait avant 2000 un salaire élevé, 1500 euros constitue aujourd'hui un salaire moyen et faible. Tout ce qui a été perdu pour «le pouvoir d'achat» a été, individuellement et collectivement, énorme : des milliards d'euros, qui ne sont ni disponibles pour la consommation, ni pour l'impôt, TVA ou sur les revenus. La spirale récéssionniste a donc commencé en France bien avant «la crise», et est en partie liée avec ce blocage des salaires, si ardemment voulue par celles et ceux qui, au contraire, considèrent toujours leurs revenus et leurs patrimoines à la hausse. Il y a une «aristocratie» qui n'en a jamais assez, et 90% de la population qui, selon cette «aristocratie», en a assez ou même trop ! Dans sa rhétorique, le salaire est un don de l'entrepreneur au salarié, et l'entrepreneur est le génie qui rend tout possible. Une étude physique de la production (de biens comme de services) établit pourtant que celle-ci existe par la force, la concentration, le sérieux, l'esprit de coordination, de chaque salarié avec les autres ou avec «les clients». Une grève générale en est la meilleure preuve : les prétendus self-made men ne peuvent pas se substituer à celles et ceux qui travaillent, produisent, transportent. Un salaire est donc ce qui est dû à un citoyen en raison de ses efforts et de sa contribution décisive à la production. Or, la stagnation des salaires est donc, de ce point de vue, injustifiée et économiquement dangereuse, puisque les profits ont été importants ces dix dernières années. C'est qu'il suffit d'utiliser les règles existantes pour parvenir à bloquer les salaires. Car les règles existantes sont trop peu nombreuses, générales, rigides. Un salaire est aujourd'hui calculé sur la base d'un taux horaire, multiplié par le nombre des heures effectuées, avant que les cotisations ne soient déduites. Point. Il n'est, nulle part, tenu compte de la nature du travail effectué au regard de la production ni des profits de l'entreprise. Or, si les comptabilités devaient être simples voire simplifiées parce que les moyens de calcul n'existaient pas ou étaient faibles, le développement des outils et des moyens informatiques doit permettre de mettre en place un calcul du salaire plus complexe. Chaque salaire devrait être identifié par rapport à la production propre du salarié et à celle(s) de l'entreprise. Par exemple, dans une usine qui produit un équipement industriel, les ouvriers qui élaborent avec des outils les produits, de leurs éléments à leur finition, ont un rôle direct et essentiel dans la réalité de l'entreprise. Un indice doit permettre de tenir compte, dans le calcul du salaire, de leur part, dans la valeur commercialisable du produit. Etant donné le caractère primordial du travail productif, il est impératif de tenir compte des résultats de l'entreprise pour le calcul du salaire. Or, actuellement, rien n'est pris en compte, que les bénéfices d'une entreprise soient astronomiques ou légers. Etant donné que l'établissement de ces bénéfices peuvent être réalisés plusieurs fois par an mais pas nécessairement une fois par mois, la prise en compte de ses résultats peut se faire tous les deux ou par trimestre, mais pour chaque mois effectué. Cette prise en compte serait calculé sur le montant des bénéfices, le nombre de salarié, la mise à l'écart d'un pourcentage nécessaire pour les investissements. Cette somme viendrait s'ajouter au taux horaire. Si l'entreprise réussit, les salaires pourraient ainsi croître d'une manière importante, mais toujours fluctuante. Pour celles et ceux qui travaillent dans une toute petite entreprise, ou une entreprise dont les bénéfices sont insuffisants pour qu'une part soit redistribuable à chaque salarié, la compensation devrait provenir de l'Etat.
Actuellement, l'impôt étatique est calculé sur «le revenu». Mais un revenu est un déjà-parti : il sert aux dépenses et aux investissements. Quand les «revenus»-déjà-partis sont faibles, 100% du total est dépensé. Plus les revenus sont importants, plus les dépenses peuvent l'être, mais, dans les faits, nous savons qu'ils ne le sont pas nécessairement et en réalité, puisqu'une partie non négligeable est non-dépensée ou placée pour faire de la rente, «immobilisée». C'est pourquoi il faudrait basculer d'un impôt sur le revenu à un impôt sur la dépense. En attribuant un numéro de consommation à chaque citoyen, celui-ci pourrait payer ses factures incompressibles, faire ses achats avec (via une carte, ou un numéro insérée dans les cartes bancaires, sur les chèques) ou conserver des factures adaptées (sans précision des éléments achetées), afin de les transmettre aux services fiscaux. Pour celles et ceux qui vivent en France, qui dépensent en France la totalité de leur(s) revenu(s), l'impôt serait nul, et, selon leur(s) revenu(s), l'Etat pourrait leur verser un revenu supplémentaire, calculé sur les rentrées fiscales et le nombre de bénéficiaires. Pour les autres, l'impôt serait calculé sur la base des revenus, de la part conservé et placé. Le fait de dépenser et de placer son argent ou d'investir hors de France ne serait pas pris en compte dans la somme des dépenses.
Avec ces deux propositions, il s'agit d'aller vers une révolution salariale et fiscale, indépendantes l'une de l'autre, mais liées entre elles. Car il s'agit d'aller vers une réelle répartition des richesses, l'arlésienne des projets et des discours politiques.
Y a t-il une ou des inspirations à ces propositions ? L'observation et l'analyse «physique», au sens scientifique du terme, sont le fait de Marx. La loi de la proportion est pythagoricienne, puisque Pythagore a été un penseur politique «pragmatique», puisqu'il a contribué à créer des cités grecques.
Quelles sont les chances que de telles propositions soient un jour effectives ? Elles doivent tout d'abord être affinées et étudiées. Il est certain que la perspective de leur mise en oeuvre rencontrera des oppositions, notamment de la part de celles et de ceux qui, aujourd'hui, tirent des profits élevés de la situation économique française et mondiale. Leur opposition est certaine, et sera forte. Seule une conscience et une volonté politique nouvelles peuvent, après étude, les mettre en place.
0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
grellety
grellety
15 années il y a

Une contribution publiée sur le blog 20 minutes « restons correct » :
C’est précisément parce que les « étrangers » qui vivent en France (et qui sont parfois si français, sans compter qu’ils sont souvent nos amis) contribuent à la vie de la France, économique, civique, culturelle, que j’ai défendu dans une série de notes sur « l’identité nationale » qu’ils aient, y compris lorsqu’ils n’ont pas de papier (ce qu’ils doivent avoir, dans ce qui serait un véritable Etat-de-droit et pas de-droite), leur reconnaissance par la nation et donc par « l’Etat », cette émanation de la nation qui n’a pas d’autre substance, alors qu’il y a tant de « Français » virtuels, c’est-à-dire celles et ceux qui ont des papiers français, parce qu’ils sont nés tels, mais qui, vivant à l’étranger, ne contribuent en rien à la vie de la nation. Et c’est pourquoi je propose un nouvel impot sur le revenu : un impot sur la dépense, et non plus « sur le revenu ». A l’époque de l’informatique généralisée, il est possible d’évaluer ce qu’un citoyen dépense par et pour son pays. Ceux qui ont des revenus modestes dépensent 100% de leurs revenus dans la vie économique française. Et ceux qui sont millionnaires, milliardaires ? Plus besoin d’un bouclier fiscal s’ils dépensent leurs revenus dans l’économie française, DEPENSENT, et non placent pour faire de la rente, … Quoiqu’il en soit, nous devons parvenir à une cohérence philosophique, juridique, fiscale, qui nous permette de considérer que nous sommes bel et bien dans une République de liberté, d’égalité, de fraternité. Mais pour l’instant, il n’y a rien à attendre de bon de celles et ceux qui sont « aux responsabilité »…

Translate »
1
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x