Positives latitudes, être dans le monde ne peut pas être consister à tourister… – Libération

Voyager sans abîmer la planète et ses habitants ? Quasi impossible, assurent les spécialistes. Alors on limite les dégâts. On peut se priver de l’hôtel qui fait nettoyer les chambres par des enfants, du golf en zone aride qui siphonne la nappe phréatique du coin, et de la clim nourrie au groupe électrogène. On peut même se passer d’avion. Cher ? Pas toujours. On peut faire simple. Avec des solidaires, des bucoliques, des riches ou des fauchés, revue de détail de la sobriété.

Le maritime. Comment éviter l’avion si on veut aller loin ? Jacques a choisi le voyage en cargo pour aller à Pointe-à-Pitre. Cet ingénieur à la retraite a profité de la solitude en cabine pour visiter les 200 mètres, de la proue à la poupe, et questionner l’équipage sur les techniques de recyclage de l’eau à bord. Il trouve que «1300 euros pour treize jours, c’est pas cher», si on compte la nourriture «trois étoiles», l’accès à une salle de cinéma, une médiathèque et un salon. Les officiers offrent le champagne le premier soir. On dîne avec les autres passagers – pas plus de quatre cabines à bord.

Les bucoliques. Ils y vont en voiture – c’est pratique – et pratiquent l’autopartage pour leur bilan carbone. Claude et Isa, profs, aiment les gîtes «accueil paysan» avec leurs enfants de 7 et 9 ans. Les paysans habitent à côté, racontent leur ferme, servent un apéro, donnent des tuyaux. Ils sont souvent militants, genre Confédération paysanne. «C’est pas on te file les clés, et tu te casses», dit Isa. Sans compter qu’ils ont toujours «un plan âne, rando, ou baignade».

Les riches. Le solidaire pour riches, ça existe, au bout du monde ou en France. A l’agence Voyageurs du monde, spécialiste du voyage sur mesure, il y a la Villa Bahia, au Brésil, un hôtel d’époque portugaise avec lits à baldaquin, patios, et fontaines. Il garantit un personnel déclaré, assuré, et pas sous-payé, des meubles fabriqués par un atelier de récup, des fers forgés qui font vivre les ferrailleurs des favelas, les déchets recyclés en coopérative, et la villa participe à des projets de développement… 220 euros la chambre en haute saison.

Les écolos. On peut aussi choisir un hôtel écolo, sur le modèle des éco-lodge (1) : matériaux et repas bio, toilettes sèches, détergents naturels, eau récupérée, toit végétal, douche solaire. Les prix, 30 euros par personne et par nuit aux Gachets, dans l’Isère. Et 140 euros à l’Orangerie, dans la Vienne.

Les fauchés. On a l’option potes, mais il faut un ami avec une maison. C’est Martine, qui invite sur un causse du Gard. L’été, elle fait table ouverte aux amis «jusqu’à 17», prête la pelouse, une tente. On la dédommage 12 euros par jour. La douche est une ancienne bergerie en pierre, sans toit, et juste des seaux d’eau chaude. Le fauché peut aussi dormir sur le canapé d’un inconnu, chez des «couchsurfers», ou faire du «wwoofing», un coup de main dans une ferme bio, en Auvergne ou au Népal. Pour les plus fauchés, il y a l’auto-stop. Mickaël, formateur en projets écolos, a assez d’argent pour prendre le train, mais il le fait pour «la magie de la rencontre». De Paris, il est allé jusqu’à Venise et Barcelone. Gratuitement.

Les contemplatifs

via www.liberation.fr

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