Comme chaque année, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie un portrait social de la France. Une mine
d'informations chiffrées. Mediapart a lu
l'intégralité de cet épais document, et vous en livre l'essentiel en
quelques mots-clés et statistiques. Principaux enseignements: la France
continue de souffrir des conséquences de la crise, les inégalités
progressent, et les revenus des ménages les plus modestes sont de plus
en plus contraints.Emploi, chômage…
- En 2009, la France a connu «le plus fort recul de l'activité»
depuis 1945: le PIB a reculé de 2,6%. Conséquence: de nombreux emplois
industriels ont été détruits. Le coup de grâce d'une longue phase de
désindustrialisation: depuis 2005, 447.000 emplois ont disparu dans
l'industrie, dont plus de la moitié (258.000) depuis 2008.
- 2,6
millions de personnes étaient au chômage fin 2009, soit 9,1% de la
population active. 1,4 million de personnes travaillent moins qu'elles
ne l'auraient souhaité (elles sont en situation de «sous-emploi»). 800.000 personnes souhaitent travailler, mais ne sont pas comprises dans les statistiques du chômage.
Au deuxième trimestre 2010, quatre demandeurs d'emploi sur dix sont des
chômeurs de longue durée (plus d'un an). La dégradation a été
fulgurante: ce n'était “qu'” un sur trois début 2008. Si l'emploi
semble redémarrer (+44.000 emplois créés au troisième trimestre 2010, selon d'autres données de l'Insee publiées mardi),
l'hémorragie industrielle continue. Et l'amélioration restera lente: si
l'emploi a été soutenu en 2009 par les emplois aidés, leur nombre va
être diminué à partir de 2011, austérité oblige.
- Le chômage des jeunes à «un niveau historique».
C'est du jamais vu depuis 1975. Fin 2009, le taux de chômage des jeunes
a atteint 23,7%. C'est 6,4 points de plus en 18 mois. Mieux: quatre chômeurs
sur dix ont moins de trente ans. Les plus touchés: les moins qualifiés
et les hommes, davantage représentés dans l'industrie et désormais
moins diplômés que les femmes. Un chiffre à relativiser toutefois: une
grande partie (environ 15%) fait des études… Le diplôme continue de
protéger (relativement) les jeunes du chômage: la moitié des jeunes
sans diplôme sortis du système éducatif depuis un à quatre ans sont au
chômage (contre seulement un jeune diplômé du supérieur sur dix), et
plus de quatre sur dix exercent un métier précaire (deux diplômés du
supérieur sur dix). Or 10% des jeunes continuent chaque année de sortir
sans aucun diplôme du système éducatif.
- La
crise a encore aggravé l'écart de chômage entre cadres et ouvriers :
20% des ouvriers non qualifiés sont au chômage… contre seulement 4%
des cadres.
Un salarié sur
deux seulement travaille à temps plein. Avec la crise, le nombre
d'emplois à temps partiel a fortement augmenté (de 16,7% fin 2008 à
17,8% fin 2009). Le temps partiel est aussi de plus en plus subi: dans
un cas sur trois, la personne souhaiterait travailler plus. Une
conséquence de la crise, qui ne fait qu'aggraver une situation
prééexistante. Résultat: 7,5 millions de salariés ont gagné moins de
9000 euros en 2008. Et pour eux, peu de chances de sortir de la
précarité, dit l'Insee: dans le quart des salariés ayant les plus
faibles revenus salariaux en 2005, seuls 18% travaillaient trois ans
plus tard «de façon continue». Les autres étaient au chômage ou avaient d
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