Obama, le grand abdicataire | Mediapart

Même les conservateurs modérés l'admettent : il n'y a
aucun doute que la crise actuelle de la dette américaine est une crise
artificielle, sans fondement économique. Elle est purement politique et
instrumentalisée par la droite américaine. Les Etats-Unis ne seront jamais en
défaut de paiement. Par contre, le Congrès, la Maison Blanche et les élus sont
incapables de s'entendre sur des mesures de réduction du déficit cohérentes et
sensées. Le fossé, non seulement entre riches et pauvres, mais surtout entre
riches et classe moyenne, est le plus important depuis le début du XXe
siècle, à l'époque des « barons
voleurs 
». Et les impôts des plus riches sont les plus faibles depuis
plusieurs décennies (cf. le multimilliardaire Warren Buffet: « Ma femme de chambre paye proportionnellement
plus d'impôts que moi
»).

Or Obama a promis qu'il n'augmenterait pas les impôts des
ménages touchant moins de 150.000 euros par an (c'est-à-dire 12.500 euros par
mois). Il n'envisage pas non plus de relever les impôts sur les bénéfices du
capital (15% contre des taux autour de 35% sur les salaires). Quant à
rationaliser le code des impôts, qui est truffé de niches fiscales profitant
essentiellement aux entreprises et aux investisseurs, c'est une tâche
titanesque qui nécessiterait un président et une majorité à poigne.

Concernant les économies budgétaires, Obama, avec l'appui
des républicains, s'est attaqué aux cibles habituelles: salaires et
pensions des fonctionnaires, reversement d'assurance-santé pour les plus
démunis, allocations chômages, etc. Ce, au moment où la plupart des
économistes expliquent qu'il faut à tout prix créer des jobs et pousser la consommation, c'est-à-dire inciter les gens à
dépenser plus et investir dans des programmes de retour à l'emploi (grands
travaux, incitations fiscales à l'embauche…). Il n'a, pour l'instant, pas
touché non plus au budget militaire (20% du budget total des Etats-Unis),
pourtant réputé pour sa gabegie.

Comme il l'avait fait en début d'année, en acceptant de
prolonger les baisses d'impôts pour les plus riches votées sous George W. Bush,
Barack Obama a une nouvelle fois cédé face à une minorité de droite qui ne se
sent aucune responsabilité dans la gouvernance du pays. La meilleure
preuve? Le graphique ci-dessous illustre les projections de déficit
budgétaire des Etats-Unis réalisées par les économistes du Congrès. La ligne
noire du bas suit la projection de déficit « normal », la ligne noire
du haut, celle du déficit actuel. Entre les deux, les causes de
l'aggravation: en bleu foncé, les conséquences de la crise économique, en
bleu clair, les mesures de relance et de compensation de la crise, en orange
les baisses d'impôts de Bush si elles ne sont pas supprimées, en marron clair
le coût des guerres en Irak et Afghanistan.

 

 

Que faut-il en déduire ? Primo, que les responsables
principaux de l'aggravation du déficit sont les mêmes que ceux qui réclament
aujourd'hui sa réduction : les mêmes élus et le même parti politique que
celui qui a fermé les yeux quand Bush dépensait sans compter et cajolait les responsables
de la crise économique. Secundo, qu'un président vraiment décidé à s'attaquer
aux problèmes possède une voie toute tracée devant lui : augmentation de
certains impôts, suppression de nombreuses déductions fiscales, coupes adroites
dans certains budgets dont celui du Pentagone, des guerres à l'étranger et même
celui de l'assurance-santé où les coûts médicaux, remboursés à des organismes
privés, sont les plus élevés au monde. Mais pour cela, il faudrait que le
président tape

via www.mediapart.fr

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