«Obama a fait semblant de réformer Wall Street», « The Payoff : Why Wall Street Always Win » – Libération

Plus de vingt ans durant, il a fait partie du «système» ou du «Blob», comme il appelle le petit monde de décideurs politiques et lobbyistes financiers qui tirent les ficelles à Washington. Ancien banquier d’affaires, lobbyiste et assistant parlementaire, Jeff Connaughton a fait carrière dans le sillage de Joe Biden, le vice-président de Barack Obama. Comme attaché parlementaire du sénateur démocrate Ted Kaufman, en 2009 et 2010, il s’est battu pour une réforme fondamentale de la régulation financière qui, déplore-t-il, n’a jamais vu le jour. Ecœuré, il s’est retiré à Savannah, en Géorgie, où il a écrit The Payoff : Why Wall Street Always Wins (Prospecta Press, 2012), un livre féroce pour Joe Biden et les compromissions de l’administration Obama. Son «vieux héros» Biden en prend particulièrement pour son grade, décrit en «autocrate égocentrique», froid et ingrat avec ses collaborateurs.

Depuis les remous suscités par ce livre, Jeff Connaughton évite de revenir sur le sujet Biden. «Ces passages de mon livre ont été mal interprétés», nous déclare-t-il, assurant avoir aussi exprimé son admiration pour les «nombreuses excellentes qualités» du vice-président américain. «Si j’en ai parlé, poursuit-il, c’était seulement pour montrer le contraste entre le secteur privé, où j’ai pu faire une carrière tout à fait gratifiante, et la politique, où tout dépend de la relation personnelle que vous avez avec un élu.» Il explique en revanche volontiers comment Wall Street s’est joué de la présidence Obama.

Barack Obama et son administration affirment avoir non seulement surmonté la crise financière de 2008, mais aussi mis en place une réforme de la régulation financière qui devrait nous prémunir d’une nouvelle crise. Qu’en est-il vraiment ?

Obama a eu une chance historique. Comme Teddy Roosevelt, qui s’était dressé contre les trusts industriels, ou Franklin Roosevelt, qui avait affronté les banques après la Grande Dépression. Obama a eu la chance d’imposer une réforme fondamentale de Wall Street, et il l’a ratée. Il aurait dû exiger ne serait-ce que l’application des lois existantes, qui permettaient de poursuivre les responsables de la crise financière. Il n’a fait que semblant. Ce manque d’initiative est une grande désillusion pour beaucoup de gens.

L’adoption de la loi Dodd-Frank, présidée par Obama en 2010, est présentée comme la plus importante réforme financière depuis les années 30. Vous n’êtes pas aussi optimiste ?

Il y a de bonnes choses dans Dodd-Frank, comme la régulation des dérivés ou la création du Bureau de protection financière du consommateur. Mais Dodd-Frank n’a pas mis fin au problème des banques qui sont trop grosses pour être régulées, trop grosses pour être dirigées efficacement et trop grosses pour faire faillite [too big to fail, ndlr]. Puisque le gouvernement est là en dernier ressort pour les renflouer, avec l’argent du contribuable, on peut dire qu’elles bénéficient d’une subvention publique. Dodd-Frank demande aux banques de rédiger elles-mêmes leurs «testaments», prévoyant comment elles pourraient se dissoudre sans entraîner un risque systémique. Je doute que ce soit vraiment possible pour des établissements porteurs de milliards de dollars de produits dérivés. Quand le navire commence à couler, on ne peut pas continuer à travailler depuis les canots de sauvetage. D’autant aussi que les lois américaines ne s’appliquent que jusqu’à nos frontières.

Régulièrement, le commissaire européen Michel Barnier vient à Washington expliquer la difficulté à harmoniser les efforts européens et américains…

Lorsque je travaillais au Sénat, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, nous demandait de ne rien coucher dans la loi qui empêcherait les régulateurs américains de se coordonner au niveau international. Mais nous devrions plutôt être leade

via www.liberation.fr

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