LF : Nous allons commencer par un panorama. Comment décririez-vous
la situation où nous nous trouvons, historiquement ?NC : il y a soit une crise soit un retour à la norme d’une stagnation.
Un point de vue veut que la norme soit la stagnation et que parfois on en sorte. L’autre veut que la norme soit la croissance et que parfois on puisse entrer en stagnation. On peut débattre cette question, mais la période veut que l’on soit près de la stagnation mondiale. En l’état des principales économies capitalistes, les États-Unis et l’Europe, c’est la croissance basse et la stagnation, avec une différenciation du revenu très forte dans un changement — un changement stupéfiant — de la production à la « financiérisiation ».Les États-Unis et l’Europe se suicident de différentes manières. En Europe, c’est l’austérité au cœur de la récession, c’est ce qui a garanti la catastrophe. Il y a une certaine résistance en ce moment. Aux États-Unis, c’est essentiellement la production délocalisée et la financiérisation, et se débarrasser de la population superflue en l’incarcérant. Il s’agit en filigrane de ce qui s’est passé à Carthagène [en Colombie] la semaine dernière [4], avec le désaccord sur la guerre de la drogue. L’Amérique latine veut dépénaliser au moins la marijuana (peut-être davantage, évidemment ;) Les États-Unis veulent maintenir la pénalisation. Une histoire intéressante [5]. Il ne me semble pas qu’il y ait de solution facile à cela…
LF : Et politiquement… ?
NC : Encore une fois il ya des différences. En Europe, il y a un accroissement dangereux d’une ultra-xénophobie assez menaçante aux yeux de toute personne qui se souvient de l’histoire européenne… ainsi qu’une attaque sur les vestiges de l’État-providence. Il est difficile d’interpréter la politique d’austérité-dans-le-milieu-de-la récession comme autre chose qu’une attaque sur le contrat social. En fait, certains dirigeants en viennent tout droit pour le dire : Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne, a eu une entrevue pour le Wall Street Journal, dans laquelle il a déclaré que le contrat social était mort — que finalement ils avaient réussi à s’en débarrasser [6].
Aux États-Unis, tout d’abord, le système électoral a été presque totalement
déchiqueté. Pendant longtemps il a été à peu près géré par des dépenses privées concertées, mais maintenant c’est le dessus du panier. De plus en plus au fil des ans les élections sont devenues des extravagances des relations publiques. Ce fut entendu comme un plus de l’industrie publicitaire en 2008 — l’award du marketing de l’industrie publicitaire de l’année fut attribué à Obama. C’est davantage qu’un plus, cette année.Le Parti républicain a à peu près abandonné toute prétention d’être un parti politique traditionnel. Il est dans l’obéissance inflexible au très riche, au super riche et au secteur d’entreprise. Ils ne peuvent pas obtenir des votes de cette façon donc ils doivent mobiliser un public électoral différent. Cela fut toujours le cas, mais rarement mobilisé politiquement. Ils en appellent au droit religieux, mais il s’agit essentiellement de la population de la religion extrême. Les États-Unis sont hors du spectre [ordinaire] en matière d’engagement religieux. C’était à la hausse depuis 1980, mais maintenant c’est une part importante du vote de base du Parti républicain, et qui signifie s’engager dans les position
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