Montebourg: «La règle d’or est une négation du choix politique» – Libération

Pourquoi voterez-vous contre la "règle d'or"?

Cette règle est une interdiction constitutionnelle prohibant les déficits, c'est-à-dire une négation du choix politique. Elle revient à dire que la finance et ses exigences sont plus fortes que ce que peuvent décider les citoyens et leurs élus, et que toute action politique disparaît derrière des règles technocratiques. Keynes disait que “la difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes”. La règle d'or, c'est l'ancien monde, celui antérieur à l'écroulement du système financier. De plus, il est curieux que la droite souhaite interdire ce qu'elle a pratiqué et tristement aggravé depuis 2007: dans cette période le déficit annuel de l'Etat est passé de 50 milliards à 150 milliards aujourd'hui.

Une partie de ce déficit supplémentaire n'est-elle pas due à l'intervention de l'Etat contre la crise économique ?

Sur ces 100 milliards supplémentaires, 40 sont liés à la crise, et 60 aux politiques de Nicolas Sarkozy. Quand vous ajoutez, à la chute des recettes, des politiques fiscales laxistes et injustes, offrant des baisses d'impôts à des clientèles privilégiées qui n'en ont pas besoin, c'est de la provocation. La crise était rude, pourquoi a-t-on exonéré, à hauteur de 60 milliards en 3 ans, tant d'entreprises, de particuliers, de clientèles fortunées de l'effort collectif ? La règle d'or constitue en quelque sorte une motion de censure personnelle de la politique de Nicolas Sarkozy.

Des règles existent déjà qui sont sont censées limiter les déficits, par exemple le pacte de stabilité européen.

Le fait qu'elles existent ne signifie pas qu'on devrait les approuver. Nous parlons du traité de Maastricht, et de ses critères de limitation des déficits, signé en 1992: ses règles n'ont que rarement été appliquées et sont pour le moins obsolètes dans la tempête financière que nous devons affronter et domestiquer. C'est dire à quel point notre monde perd la tête si nous cherchons notre boussole dans les idées d'il y a vingt ans, à une époque où les gauches européennes faisaient des concours de dérégulation. La vérité, c'est que la France est en situation de surendettement à cause des années de gouvernements irresponsables de droite qui ont porté atteinte a une situation saine. Alors que le gouvernement Jospin est le dernier gouvernement à avoir désendetté le pays.

Comment réagir selon vous ?

Il est désormais impérieux de protéger le pays de marchés erratiques, volatiles, irresponsables, qui détiennent sa dette. Il faut renationaliser celle-ci, parce qu'elle est dans la main de créanciers étrangers à nos intérêts nationaux. Un pays endetté a le devoir de s'organiser pour se protéger des pressions extérieures. La dette du Japon dépasse 120% de son PIB, mais il s'agit d'une dette domestique, détenue par des Japonais qui ont confiance dans leur Etat. La désinvolture des gouvernements sarkozystes a conduit à agir en sens contraire…

Pour vous, le sujet principal n'est donc pas le montant de la dette, mais l'identité de ses détenteurs ?

via www.liberation.fr

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