Milan Kundera, l’Insoutenable légereté de l’être – de la dénonciation ?


Doi nhe khon kham 2
envoyé par cittatiesuc

Dans l’Histoire du Roman, ce démultiplicateur des vies, Milan Kundera a offert, comme dans le parfait, "l’Insoutenable légéreté de l’être", une nouveauté, en accouplant les chapitres narratifs avec des coupures, des césures méditatives, interrogatives. Ce roman est palpitant, parce que les personnages nous sont connus, familiers, et heureusement aussi, autres, différents, il est rythmé comme la vie; et curieusement, l’auteur a toujours insisté sur la distance entre l’auteur et son oeuvre. Un journal tchèque prétend dévoiler une découverte : Milan Kundera aurait trahi l’un de ses frères tchèques, en le dénonçant auprès des autorités dictatoriales de son pays. La dénonciation : la plaisanterie ? Kundera dément, mais Kundera fut et est encore seulement un homme, même s’il est auteur. Pourquoi s’étonner qu’il est pu faire cela ? (aucune certitude qu’il l’ait fait). Le narrateur de ses romans n’en serait pas étonné et ne le vilipenderait pas, sauf peut-être à cause de l’éternel retour... Nul n’exige des quelques "héros littéraires" de notre temps qu’ils soient de vrais héros, et il est préférable de ne pas le leur demander…

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Abstrait ≠ Concret
16 années il y a

La vraie question n’est pas de savoir si Milan Kudera est coupable ou non de dénonciation mais plutôt de se demander s’il était possible pour qui que ce soit vivant dans un pays communiste d’être innocent à cette époque. Le film allemand Das Leben der Anderen (La Vie des Autres en français) me semble être un exemple approprié tendant à prouver le contraire.

grellety
grellety
16 années il y a

Tous coupables veux-tu dire ? Ce qui serait « drôle », c’est que précisément ce pouvoir politique affirmait que tous les citoyens étaient coupables à priori, d’actes contraires à la grande unité nationale et internationale, de mauvaises pensées, et ce sur le modèle de « l’hérésie » catholique. Car s’il y a bien une chose avec laquelle le prétendue communisme des pays de l’Est n’a pas su rompre et a même dramatiquement imité (et du coup, en tuant toute réalité communiste), c’est l’Eglise…

Abstrait ≠ Concret
16 années il y a

Plutôt que tous coupables, je soulignerais plutôt l’impossibilité d’être totalement innoncent, à partir du moment où l’on cautionne le système. A moins évidemment de s’élever contre le régime et de risquer la mort. Attention, je ne prétends en aucun cas être de la trempe de ceux-là.
Mais toujorus est-il que les gens (et d’une certaine façon les journalistes) qui font le procès du Milan Kundera aujourd’hui ne me semblent tout simplement pas en mesure de le faire.
Pour ce qui est de ton parallèle entre le fonctionnement de l’Eglise à l’époque des hérétiques et le communisme du Xeme siècle, je trouve la remarque très judicieuse.

grellety
grellety
16 années il y a

Merci. Je crois, en effet, qu’il s’agit d’un sillon à creuser; tant, concernant, la lecture et l’interprétation de l’oeuvre et de certains textes de Marx qui sont absolument dans la logique de la « révélation », et du « sauvetage » des âmes perdues; que concernant le pseudo-matérialisme philosophique et politique dans ces pays, alors que leur lecture révèle au contraire un idéalisme forcené. Une preuve : ils ont oublié le CORPS DE L’HOMME, en tant qu’ensemble de phénomènes inconnus, méconnus et déterminants, et en tant que réalité et vie innocentes. Même les « ennemis de classe » auraient dû être intégrés à la société communisme, comme celles et ceux qui ne se connaissent pas et ne se comprennent pas, et subissent des déterminismes qui font d’eux des victimes et non des sujets de trahison.

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