Meurtres, corruption à tous les étages, le Mexique s’enfonce | Mediapart

Avec 50.000 militaires déployés dans tout le pays et 40.000 victimes de la guerre entre et contre le crime organisé, où va le Mexique depuis 2006 ? L'image de paradis tropical aux splendides cités coloniales que le gouvernement mexicain promeut sur les affiches du métro parisien est-elle toujours d'actualité ? Comment est-on parvenu à un tel niveau de violence ?

Le Mexique est, selon plusieurs spécialistes et selon des responsables américains inquiets, un Etat ingouvernable. 

Dernier événement en date : l'incursion de la violence du côté des blogueurs et autres hacktivistes. Il y a quelques semaines, le groupe de hackers Anonymous est entré en guerre avec le cartel de drogue des Zetas. Accusant le cartel d'avoir enlevé un de ses militants, Anonymous a posté une vidéo dans laquelle il menaçait de dévoiler les noms de ceux (fonctionnaires, policiers, journalistes) qui collaborent avec le gang. Las, si le membre d'Anonymous a bien été libéré, le groupe semble avoir reculé. Impressionné peut-être par l'assassinat, en quelques jours, de trois blogueurs mexicains. Deux d'entre eux ont été retrouvés pendus, le troisième décapité. 

L'effondrement d'un Etat corrompu

En 2006, le président Calderón a décidé d'envoyer des colonnes de camions militaires pour assurer le maintien de l'ordre dans les Etats du nord et des côtes est et ouest du Mexique. Un tiers du pays est tombé aux mains des sept grands cartels de la drogue. Des territoires où l'Etat était au mieux corrompu ou au pire absent.

Cinq ans après, paradoxe : le gouvernement a saisi 150.000 armes et 21 des 37 principaux barons de la drogue du Mexique sont derrière les barreaux ou six pieds sous terre. Mais le commerce de la drogue n'en est que plus florissant ! Coupez la tête d'un cartel, il en repousse deux autres…

Les causes de cet état de fait sont multiples. Le recul des mafias colombiennes dans le concert mondial du trafic de drogue, le succès des substances de synthèse (ecstasy, amphétamines, LSD), les armes en vente libre aux Etats-Unis et la politique toujours plus répressive. Tout cela a rendu le trafic de drogue encore plus juteux. « Pour Barry McCaffrey, le monsieur antidrogue de Bill Clinton, les revenus annuels de la drogue des cartels mexicains aux Etats-Unis sont supérieurs à 25 milliards de dollars, dont ils rapatrient quelque 10 milliards au Mexique, ce qui en fait la quatrième rentrée de devises après le pétrole, le tourisme et les envois d'argent des migrants », explique la journaliste Babette Stern, auteur de Narcobusiness, l'irrésistible ascension des mafias mexicaines (Max Milo).

Comment lutter efficacement contre le crime organisé lorsqu'il a infiltré les autorités à tous les étages ?

En 2008, le président mexicain a lui-même reconnu que la moitié des policiers mexicains n'étaient « pas recommandables ». A Mexico, on change de trottoir lorsque l'on croise une patrouille de flics ventrus. Plus grave, au sein de l'armée et des services de renseignements, l'infiltration du crime organisé est telle que l'Etat a eu recours aux services de la Marine mexicaine pour arrêter Arturo Beltrán Leyva, surnommé « le chef des chefs », en 2009, dans une résidence de la ville de Cuernavaca.

Le ministre de la Sécurité publique lui-même, Genaro García Luna (impliqué dans l'affaire Cassez, lire ici notre analyse du dossier), est suspecté de favoriser le plus puissant des cartels : celui du Sinaloa. « Ce cartel s'est fortifié sous les mandats de Vicente Fox puis de Felipe Calderón. Et puis, un événement de ces dernières

via www.mediapart.fr

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