« Même le silence a une fin », Ingrid Betancourt & les FARC, l’Histoire de l’échec de tous, note 2

Le fait de prendre des otages, notamment des civils, de les garder pendant des années, et dans des conditions, tantôt difficiles, tantôt mauvaises, tantôt exécrables, ne suscite naturellement pas de la "sympathie". Et d'ailleurs, les FARC ont été rangées dans les "organisations terroristres", par les Etats-Unis comme par l'Union Européenne – mais ces deux organisations ne se gênent pas pour soutenir des Etats et des leaders criminels, au motif qu'ils sont des garants de "la stabilité". Cette pratique, la prise d'otages, s'est notamment développée lorsque les négociations avec les représentants colombiens sont devenues inexistantes ou dans l'impasse. Mais comme toute organisation qui lutte contre un système économico-politique mafieux et/ou dangereux, la tentation de la facilité est grande, mais il ne faut jamais y céder. En Espagne et en France, l'ETA s'est longtemps fixé pour règle de n'attaquer que des représentants de l'Etat espagnol, mais il y a eu des exceptions à cette règle, et celles-ci ont gravement porté tort, à la fois à l'organisation et à la lutte basque en général. Car dès lors que des civils sont visés, atteints, au hasard ou par caprice, la cause est minée, affaiblie. Même si les civils peuvent être considérés comme "co-responsables" des faits politiques et économiques dominants, lorsqu'ils les acceptent, ne les mettent pas en cause, et notamment lorsqu'ils sont proches des personnes et des pouvoirs qui prennent les décisions critiques, ils ne sont pas les décideurs et les exécutants. La théorie marxiste des "classes" est de ce point de vue, trop simpliste, à revoir, précisément parce qu'elle copie l'esprit de "classe" de celles et ceux qui ont imposé des rapports sociaux de classe ! Et dans leur lutte, il semble bien que les FARC, comme d'autres, aient oublié LA raison principale de celle-ci : à savoir imposer le respect, et de la personne humaine, et de son cadre de vie, ouvert, interdépendant, niés par la privatisation générale des colons européens. Le mimétisme oppresseurs-opprimés est terrifiant, et, en ce sens, l'ouvrage de Madame Betancourt est utile, parce qu'il révèle la dérive des opprimés, qui se savent tels et qui mettent en cause les oppressions subies, vers les conditions et les comportements des oppresseurs. Le "communisme" revendiqué est exigeant, et ne peut supporter que les caractéristiques les plus déterminantes de l'oppression des "capitalistes" soient importées et mises en oeuvre par celles et ceux qui prétendent défendre la construction d'un monde nouveau. Et ceux-là doivent savoir que ce "communisme" est anté-marxiste et que bien des affirmations et des principes du Marxisme sont problématiques pour le Communisme historique et actualisé. Mais si les dirigeants et les membres des FARC se sont souvent trompés ces dernières années, il n'empêche que, en Colombie, comme d'autres, en Amérique Latine, ont fait le choix, honorable, admirable, juste, de ne pas accepter la perpétuation de la colonisation européenne, de ses principes à ses conséquences, pour laquelle il n'y a pas eu de "décolonisation", à l'instar de l'Afrique et de tant d'autres régions du monde où les Etats ont été remplacés par des entreprises. Mais qui connait leur Histoire ? Celle de la Colombie ? de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale ? Ce sera l'objet de la troisième prochaine note.

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