Cet épisode a-t-il un lien, selon vous, avec l’embauche de Florence Woerth en septembre 2007 au sein de Clymène, société chargée de valoriser la fortune de Liliane Bettencourt ?
A l’époque, Clymène avait besoin de recruter. De Maistre voulait embaucher un jeune… Finalement, c’est Florence Woerth qui est arrivée. Je ne sais pas comment ça s’est passé. En tout cas, je n’ai pas fait son contrat de travail alors que je les faisais tous habituellement. Ils l’ont ensuite fait signer à madame Bettencourt. Je pense que monsieur de Maistre a agi derrière mon dos pour que je n’en parle pas à André Bettencourt, avec qui j’étais très proche. Il n’aurait sans doute pas été d’accord. Il aurait dit : «On ne mélange pas tout.» Début 2008, je me suis rendue à la cérémonie de remise de la Légion d’honneur de Patrice de Maistre. Je n’étais pas à l’aise car je me demandais bien ce que je faisais là. Ce n’est que plus tard que je me suis rendue compte de l’enchaînement des événements… La remise d’espèces à Eric Woerth puis l’embauche de Florence Woerth et la Légion d’honneur à de Maistre. Initialement, la remise de cette Légion d’honneur devait intervenir le 19 novembre 2007, jour du décès de monsieur Bettencourt. Je me souviens que de Maistre avait été contrarié de devoir l’annuler.
LES PRESSIONS
«Des gens très haut placés à la manœuvre»L’été dernier vous avez été interrogée à douze reprises par la police. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
J’ai vécu un véritable calvaire. Témoin, j’ai été traitée comme une accusée. J’ai eu l’impression de devenir l’ennemi public numéro 1, notamment quand je suis descendue dans le sud de la France pour rejoindre des cousins. C’était après l’article de Mediapart concernant les remises d’enveloppes. Les policiers sont venus me chercher chez mes cousins. Il y avait des cars de police qui étaient garés devant leur maison depuis des heures. J’ai ensuite été interrogée dans la nuit à Montpellier par cinq policiers. Ils m’ont pressée de questions pendant des heures, je n’ai rien pu manger ou presque. En fait, ils essayaient de me mettre sous pression pour que je revienne sur mes déclarations. A la fin de l’interrogatoire, ils m’ont laissée en pleine nuit dans cette ville. Mes cousins ont dû venir me chercher. Dans le train du retour vers Paris, le lendemain, l’un des policiers qui m’accompagnait a encore essayé de me faire craquer. Sur le ton de la confidence, il m’a glissé : «Vous pouvez me le dire que c’est pas vrai, ne vous inquiétez pas.» Ils ont même fouillé mon sac comme si j’étais une délinquante.
Au-delà des policiers, de qui, selon vous, venaient ces pressions ?
Ce que je peux dire, c’est que, dès lors que j’avais parlé de remises d’argent en espèces à des politiques, les policiers ont tout fait pour me faire revenir sur mes propos. Lors de mes interrogatoires, chaque page de mes procès-verbaux était immédiatement transmise dans les bureaux des supérieurs. Les policiers revenaient avec de nouvelles questions. Je pense que des gens très haut placés étaient à la manœuvre.
Avez-vous eu peur ?
A un moment, j’ai pensé qu’il pourrait m’arriver quelque chose. Mon mari, ma famille avaient peur. Je suis néanmoins quelqu’un de solide. Je disais la vérité et personne ne pouvait me faire revenir sur mes propos.
Comment allez-vous aujourd’hui ?
Je n’ai plus de travail depuis plusieurs mois. Quand l’affaire a éclaté, l’été dernier, je travaillais comme directrice dans une association qui s’occupe de jeunes enfants. Le directeur, et je peux le comprendre, a pris peur devant l’ampleur de l’affaire. Nous avons donc trouvé un accord et je suis partie après l’été. J’ai ensuite cherché activement du travail. J’ai répondu à des centaines d’annonces mais je
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