Madère: le caudillo local a camouflé une dette de deux milliards d’euros! | Mediapart

Tout seul comme un grand, sans l'aide de Goldman Sachs, ni titrisation ou produits dérivés, le président de Madère, Alberto Joao Jardim, a creusé un trou caché de près de deux milliards d'euros (décompte provisoire) dans les finances de la région autonome!

Alors que le Portugal est placé sous perfusion financière et tutelle budgétaire de la «troïka» UE-FMI-BCE, la découverte de cette nouvelle extravagance du «jardinisme» provoque un tremblement de terre politique à Lisbonne. On s'interroge enfin sur l'invraisemblable tolérance dont bénéficie depuis trois décennies ce petit Mussolini sub-tropical. Cette fois-ci, il semble bien que le vase doive enfin déborder mais pourquoi si tard ?

Pour le Portugal, la situation dramatique en Grèce est à la fois une malédiction et une bénédiction. Malédiction parce que la contagion d'une défaillance du gouvernement d'Athènes risque de balayer les efforts mis en œuvre à Lisbonne (comme par ailleurs à Dublin) pour ne pas décrocher irrémédiablement du peloton européen. Bénédiction parce que les projecteurs fixés sur le Parthénon obscurcissent, jusqu'à présent, les signaux très inquiétants dont le gouffre financier découvert à Madère n'est que le plus scandaleux.

Dans ce qui restera un des euphémismes de l'année, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a estimé que les révélations venues de l'île fleurie étaient «une surprise pas du tout bienvenue». Pour Bruxelles, qui inonde de subsides les régions européennes dites «ultra-périphériques» (comme en France les anciens «confettis de l'Empire») mais doit constater, comme dans le cas des données budgétaires grecques, qu'elle ne voit que du feu aux dérives qui s'y donnent libre cours, l'affaire est pour le moins embarrassante.

Mais c'est le pouvoir central portugais qui est éclaboussé jusqu'aux yeux pour avoir toléré, depuis les lendemains de la Révolution des œillets en 1974, le comportement invraisemblable d'Alberto Joao Jardim.

Au pouvoir à Funchal sans interruption depuis 1978, une situation sans aucun équivalent dans l'Europe démocratique, le président du PSD (centre droit) de Madère a construit un système clientéliste, financé par les transferts financiers venus du continent, abondés largement après l'entrée du Portugal dans l'Union européenne par les fonds communautaires. Ce qui n'a jamais empêché le pétulant tribun de pratiquer l'insulte et la menace à l'égard de ceux qui le nourrissent. Achats de vote, intimidations à l'encontre de ceux qui osent lui résister, domestication des médias locaux, les dérives de ce caudillisme ont fait depuis des années les choux gras de la presse portugaise.

via www.mediapart.fr

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