Lettrés conteurs & Internet, la fin du mépris | Rue89

Après des années de tâtonnement, ce sont moins les épiphénomènes de la Toile que ses constantes qui travaillent les écrivains. Internaute forcené – il a deux blogs, l'un historique et l'autre plus récent, répond dans la journée à la plupart des mails qu'il reçoit – l'écrivain et médecin Martin Winckler évoque le « ressort fictionnel » que constituent les échanges par tchats et les mails, qu'il a déjà utilisés dans « Histoires en l'air », « La Trilogie Twain » et »« Le Chœur des femmes ».

Son confrère trentenaire Arnaud Cathrine développe :

« En tant que romancier, c'est la prise de parole qui m'intéresse. Et le mail induit une manière de s'adresser à l'autre, quelque part entre la solennité de la lettre et le bavardage anodin du téléphone qui bouleverse complètement les cases. C'est fascinant.

J'ai effleuré la question dans mon dernier roman, “Le Journal intime de Benjamin Lorca”, mais je vais pousser l'expérimentation plus loin. »

Il aura fallu du temps aux écrivains pour saisir les subtilités du courriel et comprendre qu'il ne s'agissait pas que d'une lettre reçue plus vite. Résultat : on aura subi une décennie de mauvais romans épistolaires par mails avant de pouvoir en lire, enfin, un bon.

« Quand souffle le vent du nord » de Daniel Glattauer a remporté un succès mondial. Qui s'explique, au-delà de sa belle histoire d'amour virtuelle, par la façon dont Daniel Glattauer s'empare réellement du média.

Il prend en compte les différents types de langage et d'adresses qui lui sont propres (plus grand proximité, intimité plus immédiate, échanges courts ou longs en fonction des circonstances…), et, surtout, sa temporalité.

Même si on ne s'en rend pas forcément compte dans la kitschissime bande-annonce concoctée par son éditeur français. (Voir la vidéo)

« Avant, je passais un temps fou à la bibliothèque »

Si Internet s'installe dans l'univers mental des écrivains, il joue, chez beaucoup, un rôle à la fois plus prosaïque et fondamental. Son usage a révolutionné le travail de recherches, préalable à l'écriture. Et on ne parle pas seulement de Michel Houellebecq et de l'accusation de plagiat de Wikipédia portée contre lui . Il a répondu à la polémique.

Auteure de polars, Dominique Sylvain détaille les bouleversements induits dans son travail :

« Lorsque j'ai commencé à écrire, en 1994, il fallait chercher les infos dans énormément d'endroits, interroger un nombre ahurissant de personnes. C'était coriace.

Maintenant, chaque fois que j'ai besoin de penser à un personnage, et de le visualiser dans son environnement, je vais sur Google Earth, et je me balade virtuellement dans le quartier. C'est d'autant plus nécessaire que je vis à Tokyo….

Pour un de mes romans, je devais me renseigner sur la Brigade fluviale de Pa

via www.rue89.com

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