Même si cette attitude n’est pas franchement neuve concernant le parti républicain, qui campe sur les mêmes positions depuis des années et n’offre aucune cohérence idéologique (le dernier président à avoir équilibré le budget est Clinton, et celui qui l’a fait explosé est Bush), cela commence quand même à sentir le roussi. La victoire d’Obama n’a pas seulement été celle d’un homme, et encore moins celle d’un parti, mais celle d’un programme politique. Un programme modéré, passant notamment par des hausses d’impôts pour les plus riches et le maintien du filet de sécurité social. Les Américains n’ont pas voté pour l’idéologie républicaine du moins d’impôts pour tous et de la réduction de l’interventionnisme gouvernemental.
Les conservateurs, qui avaient depuis une vingtaine d’années la mainmise sur le discours ambiant ont du mal à se faire à l’idée qu’ils sont désormais jugés extrémistes. Les derniers sondages sur le « précipice fiscal » montrent d’ailleurs nettement que les Américains rendent le parti républicain responsable de l’impasse actuelle.
Mais la question est, comme souvent : est-ce que les Démocrates vont une nouvelle fois céder au chantage de la droite ? Jusqu’à maintenant, Obama a tenu bon – ce qui ne lui est pas arrivé fréquemment – et il a recueilli de nombreux soutiens à gauche qui le poussent à aller jusqu’au bout et à se jeter dans le « précipice ». Car celui-ci est avant tout une construction politico-médiatique. Si rien n’est résolu d’ici le 2 janvier, les États-Unis ne vont pas se retrouver en cessation de paiement et les programmes gouvernementaux ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain. Il y aura encore plusieurs semaines et plusieurs mois avant que les effets ne s’en fassent sentir. Un laps de temps qui pourra servir à la poursuite des négociations, en donnant l’avantage à Obama. Car les Américains sont en passe de réaliser qu’un des deux partis ne sert plus leurs intérêts et poursuit des politiques ultra-conservatrices profitant à un petit nombre de riches et de lobbyistes, qui sont parfois les mêmes, au détriment du reste du pays.
via www.mediapart.fr