Les progressistes se laissent trop intimider par une droite triomphante, Eli Zaretsky

L'Amérique se prépare à choisir entre les conservateurs, qui se méfient de l'Etat et mettent toute leur confiance dans les marchés, et les progressistes qui estiment que l'Etat est un contrepoids nécessaire au pouvoir du secteur privé. Mais en réalité, ce débat de fond n'aura pas lieu. Pour comprendre pourquoi, il nous faut revenir sur l'histoire récente du Parti démocrate, en particulier sous la présidence de Bill Clinton.

Les présidents démocrates des années 1960, Kennedy et Johnson, étaient des enfants du New Deal. De même, les républicains conservateurs qui sont arrivés au pouvoir en 1980 avec Reagan étaient des adversaires du New Deal. Face à l'offensive majeure de la droite au cours des années 1970 et 1980, les démocrates auraient pu choisir de défendre sans transiger les principes progressistes, tout en les adaptant aux nouvelles circonstances. Après tout, c'est sur la base de ces principes que l'Amérique avait vaincu le fascisme, créé la classe moyenne moderne, entamé quarante années de prospérité, et inspiré la révolution des droits civiques et la révolution féministe. Mais les démocrates ont préféré tourner le dos à ces principes.

Sous l'égide de Bill Clinton, ils ont préconisé et mis en oeuvre une politique dite de "troisième voie". Cela s'est traduit par un tournant en faveur du secteur privé, par l'engagement de réduire la taille de l'Etat, par la déréglementation de l'économie et la critique de la "dépendance" excessive des plus pauvres envers les programmes sociaux. Et surtout, les démocrates ont accepté l'idée des républicains selon laquelle l'équilibre budgétaire devait être au coeur de leur programme, abandonnant leur conception antérieure du budget en tant qu'outil de planification nationale. Il s'est agi là d'une stratégie efficace pour financer leurs campagnes et gagner les élections, mais avec deux conséquences désastreuses pour le débat national.

Tout d'abord, Clinton et les hommes politiques démocrates de sa tendance ont marginalisé la gauche au sein de leur parti, même si les démoc

via www.lemonde.fr

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