Les oubliés de la réforme des retraites | Mediapart

«On
a aidé l'automobile, on a aidé les banques. Moi, j'ai bossé 41 ans, et
voilà que je me retrouve avec 400 euros par mois.»
Marie est en
colère. Cette secrétaire de 58 ans travaille depuis qu'elle a 17 ans.
«En 2005, l'imprimerie où je travaillais a fermé. La restructuration a
entraîné la suppression d'une dizaine de sites en France.»
Par la
suite, Marie a enchaîné les CDD. «Quand vous avez passé 55 ans, il faut
s'accrocher car on ne vous fait pas de cadeaux, mais j'y suis arrivée»
,
dit-elle avec fierté.

Pourtant,
depuis mars 2010, Marie n'a plus rien retrouvé. «A 57 ans, il faut
croire que les entreprises ne voulaient plus de moi.»
Avec ses 41 ans
de cotisation, elle pensait partir sans problème à 60 ans. Mais la
réforme des retraites est passée par là: Marie ne pourra pas faire
valoir ses droits à la retraite avant ses 61 ans. Elle s'était un peu
consolée en se disant que, d'ici là, elle pourrait au moins toucher l'allocation équivalent-retraite,
une dotation de 1000 euros réservée aux chômeurs qui, comme elle, ont
validé tous les trimestres nécessaires. Mais le 1er janvier 2011, l'AER
a été supprimée. Marie vit désormais de l'allocation spécifique de
solidarité, minimum réservé aux chômeurs en fin de droits: 460 euros les
mois pairs et 471 les mois impairs. «Une injustice de plus», commente
Marie.

Comme
elle, plusieurs dizaines de milliers de chômeurs «seniors» se retrouvent dans
l'impasse. Selon l'Unedic, plus de 50.000 personnes ont touché
l'allocation équivalent-retraite en 2010, avant sa suppression. En
septembre 2010, François Fillon avait chargé syndicats et patronat de rétablir un dispositif «équivalent», «pérenne pour les travailleurs les plus âgés».
Mais les partenaires sociaux, qui gèrent l'assurance-chomage, n'avaient
pas prévu de la financer, estimant que c'était à l'Etat de gérer les
conséquences de sa réforme des retraites. Résultat: après plusieurs
mois d'attente, le gouvernement vient d'annoncer une allocation
transitoire de solidarité (ATS). Selon le ministère du travail, le décret devrait être publié «incessamment sous peu».

De
loin, l'ATS ressemble à l'AER. Son montant est le même. De près, elle
n'en est pourtant qu'un pâle ersatz. L'AER est en effet beaucoup plus
restrictive. Pour l'obtenir, il faut cumuler bien des conditions, en
plus de l'obligation d'avoir validé tous ses trimestres, déjà
nécessaire pour obtenir l'AER:

via www.mediapart.fr

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