Les masques hopis mis en vente chez Drouot – De la colonisation-vol à la spéculation Libération

La vente aux enchères de masques hopis a débuté vendredi après-midi, quelques heures après que la justice française a rejeté la demande de cette tribu amérindienne d’Arizona qui réclame la restitution de ces objets considérés sacrés. Quelque 70 masques étaient dispersés à l’hôtel Drouot, à Paris, par un collectionneur français anonyme ayant longtemps vécu aux Etats-Unis. Vendredi matin, un juge du tribunal des référés avait maintenu cette vente, estimant que ces masques avaient certes une «valeur sacrée» pour les Hopis, mais que cela n’en faisait pas pour autant des «biens incessibles».

«Ce sont vraiment des masques très importants que nous n’exposons pas en public, qui servent à nos rites de passage», a déploré devant la maison de vente Bo Lomahquahu, 25 ans, membre des Hopis et étudiant en lettres classiques à Paris. Le jeune homme, dont le nom signifie «aigle merveilleux», a expliqué à l’AFP qu’il espérait encore qu’un acquéreur achète l’intégralité de la collection, estimée entre 600 000 et 800 000 euros, pour la restituer aux Hopis.

Pour cette vente organisée par la maison Neret-Minet Tessier & Sarrou, la salle était pleine à craquer dans une ambiance surchauffée. Dans la salle figurait notamment Alain Giraud, qui vient de traduire de l’anglais un livre écrit par le chanteur Joe Dassin (1938-1980) Cadeau pour Dorothy (Flammarion, 2013).

Joe Dassin, a expliqué le traducteur, était diplômé d’ethnologie aux Etats-Unis dans les années 60 et avait été adopté par une tribu Hopi. En accord avec la sœur du chanteur décédé, il souhaite acheter un masque pour le restituer aux Hopis. D’ailleurs, c’est la Fondation Joe Dassin qui a acquis l’un des premiers masques à la vente : une «tête de boue» hopi des années 1910-1920 partie à 3 700 euros.

«Intime et sacré»

Devant le tribunal des référés, les défenseurs des Hopis, dont l’avocat Pierre Servan-Schreiber, avaient expliqué jeudi que la vente devait être suspendue et les masques restitués parce que la loi française «interdit le commerce de certains types de biens comme les sépultures et les tombeaux». Mais dans son jugement consulté par l’AFP, la juge Magali Bouvier a estimé que si ces masques ont pour les Hopis «une valeur sacrée, une nature religieuse ou s’ils incarnent l’esprit des ancêtres de ces personnes, il reste qu’il est manifeste qu’ils ne peuvent être assimilés à des corps humains ou des éléments du corps de personnes existant ou ayant existé…».

«Le seul fait que ces objets puissent être qualifiés d’objets de culte (….) ne saurait leur conférer un caractère de biens incessibles de sorte que leur vente caractériserait un trouble manifestement illicite ou un dommage imminent», ajoute-t-elle.

«C’est une vision beaucoup trop restrictive et mal fondée du droit», a protesté Me Servan-Schreiber même s’il s’est félicité que cette affaire ait au moins eu le mérite de montrer une «très forte mobilisation» en faveur des Hopis, soutenus notamment par l’acteur américain Robert Redford. «C’est le début d’une réelle prise de conscience de l’opinion publique qui comprend que tout ne peut pas être acheté ou vendu, surtout pas quelque chose de si intime et sacré. Peut-être que dans dix ans nous gagnerons», a-t-il dit.

«Encore une fois des intérêts économiques priment devant les intérêts de ces gens lésés tout au long de l’histoire», a réagi Jean-Patrick Razon, à la tête de l’association de défense des peuples indigènes Survival International France, qui avait engagé en urgence cette procédure de référé pour stopper la vente. Survival International avait été rejointe par deux musées de l’Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis, il y a quelques

via www.liberation.fr

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