Le patron de l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'interroge sur « l'utilité publique » des traders, celui de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) juge le capitalisme « intrinsèquement injuste » et celui du Fonds monétaire international (FMI) remet en cause la croissance économique à tout prix. Jusqu'ici gardiens d'une certaine orthodoxie économique, Jean-Pierre Jouyet, Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn seraient-ils devenus de dangereux gauchistes ?
Jean-Pierre Jouyet a été le plus direct. Ce mardi, dans le quotidien économique allemand Handelsblatt, le président de l'AMF propose de taxer davantage les traders. Mieux, il s'insurge du décalage entre la finance -son secteur- et l'économie dite « réelle » :
« Je ne vois pas pourquoi un trader devrait gagner deux cents fois plus qu'un ingénieur qui construit des ponts, l'utilité publique de l'échange d'actions algorithmique m'apparaît moins immédiatement perceptible que celui de la construction de ponts. »
Lamy : « Le capitalisme de marché est intrinsèquement injuste »
Pascal Lamy n'est pas non plus un révolutionnaire, mais lui aussi, il a des doutes. Le directeur général de l'OMC avait déjà expliqué que la mondialisation n'était pas forcément un concept néo-libéral. Lors d'une conférence sur le sujet, le 4 novembre à Montréal, il a fait part de ses réflexions :
« Depuis quelques années, je m'interroge sur les racines culturelles et anthropologiques du capitalisme de marché qui est intrinsèquement injuste et stresse toujours plus les ressources humaines et naturelles. »
Au FMI, autre cible traditionnelle des altermondialistes, on n'en est pas encore à juger le capitalisme « intrinséquement injuste ». En revanche, sous l'effet de la crise, on remet en cause certains dogmes de la maison.
DSK : « La croissance n'est pas tout »
via eco.rue89.com