Enseignement n°1 : Le rôle de la société civile.
«Démocratie et société civile forment un couple indissociable», écrivait Alexis de Tocqueville. De fait, les associations ont un rôle essentiel de veille et d’alerte auprès des institutions et de l’opinion. Les propos tenus par le chroniqueur sur les antennes de Canal + et de France Ô constituaient d’une part, une légitimation de la pratique du contrôle au faciès, et d’autre part, une incitation à la discrimination à l’embauche. Si l’opportunité d’une action en justice peut être discutée (rappelons néanmoins qu’Eric Zemmour a refusé de débattre avec la Licra), il n’est pas acceptable que ce procès ait servi de prétexte pour remettre en cause le droit que les associations tiennent de la loi de se constituer partie civile.
Enseignement n°2 : Le droit d’ester en justice.
Un membre du gouvernement a cru pouvoir se déclarer «consterné» de voir que l’on a «de plus en plus une police de la pensée qui se met en place», tandis qu’un collectif parlementaire estimait que «ce procès en dit long sur la dérive qui conduit à bâillonner la liberté d’expression par les tyranneaux de la pensée unique de l’antiracisme». Il est curieux de retrouver dans les propos de ces hauts représentants de la République les mêmes mots que ceux utilisés par les négationnistes pour contester la loi Gayssot. De par leurs fonctions, ils devraient savoir que si la liberté d’expression est un droit, celui d’ester en justice l’est tout autant. La question est de savoir s’il est possible d’ester en justice sans être taxé de «tyranneaux de la pensée unique» ?
Enseignement n° 3 : La pédagogie d’un procès.
Il est vrai que le tribunal a relaxé Eric Zemmour du délit de diffamation pour ses déclarations sur les trafiquants, considérant que si ces propos sont «choquants», ils ne sont pas «diffamatoires». En revanche, le tribunal a considéré que ces mêmes propos étaient constitutifs du délit d’incitation à la discrimination, tout comme l’étaient ceux par lesquels le journaliste a affirmé que la discrimination «c’est la vie ; ils [les employeurs] ont le droit». Dans une démocratie, la justice est seule habilitée à dire le droit et à fixer les limites de la liberté d’expression.
Enseignement n° 4 : La contestation des décisions de justice.
«Les procès finissent toujours par celui de la justice», commentait avec sarcasme André Frossard. En vertu de la séparation des pouvoirs, nos représentants politiques seraient inspirés de mettre un terme à cette pratique détestable qui consiste à commenter et contester chaque décision judiciaire qui leur déplaît. Ils jettent ainsi le discrédit sur la justice, ce qui constitue un délit.
Enseignement n°5 : L’instrumentalisation politique d’une décision de justice.
Pendant que certains, sous couvert de défendre la liberté d’expression, règlent leurs comptes avec la magistrature et les associations antiracistes, d’autres appellent au licenciement d’Eric Zemmour. Cela n’a pas de sens. Il n’a jamais été question pour la Licra de «faire taire» Eric Zemmour, mais de demander à la justice de rappeler les limites que tout Etat démocratique est en droit et en devoir de fixer par la loi.
Enseignement n°6 : Le différentialisme comme projet de société.
Est-il si important de savoir combien, parmi nos concitoyens qui ont commis un délit, ne sont ni blancs ni chrétiens ? Cette tendance à la différenciation, qui s’opère subrepticement au sein de la communauté nationale, est dangereuse. L’ethnicisation des questions sociales risque de transformer la nation en un espace de juxtaposition de communautés en lieu et place de la République indivisible consacrée par la Constitution.
Le mot de la fin revient à madame le procureur de la République qui a opportunément rappelé que «la République d
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