Les investissements étrangers baissent en France ! Et alors ? – Page 1 | Mediapart

Seul problème pour ces tenants du catastrophisme : pour une multitude de raisons, le niveau des IDE est un bien mauvais instrument pour mesurer la bonne santé économique de la France. Le premier à le signaler est l’économiste Alexandre Delaigue, sur son blog, le 1er février. Ces données sont en effet très volatiles : elles varient extrêmement brutalement. Comme l’illustre ce relevé des IDE établi par la Banque de France trimestre par trimestre, il n’est pas rare que les flux soient très faibles, voire nuls, pendant plusieurs mois. Et puis, relève l’économiste, « personne n'a écrit que l'attractivité française s'effondrait en 2008 (-50 %); ni que la France avait redoré son blason de manière éclatante en 2011 (+74 %). Mais cette année, le chiffre est "inquiétant" ».

D’ailleurs, relativisent à leur tour Les Échos, « il y a exactement un an, la Cnuced avait d’abord fait état d’une croissance des IDE en France de 43,8 % pour 2012 avant de corriger, 5 mois plus tard, ses chiffres ». Selon nos informations, l’Élysée parie qu’une nouvelle correction aura lieu cette année. Mais même si les chiffres sont exacts, ils ne signifient pas grand-chose. Par exemple, il faut souligner que la Norvège enregistre une diminution des capitaux entrants de 46 %, et qu’en Suisse, les investissements s'effondrent de… 98 %. Il n’est pourtant apparu évident à personne que les économies scandinave et helvète aient particulièrement souffert en 2013.


L'Allemagne fait moins bien que… l'Espagne

La Cnuced, elle-même, tente de prévenir tout délire interprétatif. Car il suffit bien souvent d'une grosse acquisition pour que l'investissement « reçu » par un pays explose ou s’écroule. Ainsi, l'Amérique latine a vu le doublement de ses IDE en 2013 uniquement parce que le producteur mexicain de la bière Corona a été racheté par une entreprise belge, pour près de 12 milliards de dollars. L’Allemagne a quant à elle bénéficié de l’achat par Vodafone de Kabel Deutschland pour 7,7 milliards de dollars. Ce qui lui a permis de multiplier par presque quatre son niveau d’IDE. Et même avec cet événement exceptionnel, elle accueille moins d’investissements que… l’Espagne, pourtant en pleine crise économique !

Du côté de Bercy, on affiche donc sa sérénité. Au Monde, qui s’inquiète dans un long article, l’entourage de Pierre Moscovici rétorque par exemple que « le rapport de la Cnuced ne se focalise pas sur les investissements créateurs d’emplois mais prend en compte tous les mouvements financiers. Résultat, des pays non industrialisés se retrouvent très bien classés ». En effet, les IDE agrègent sans discernement tous les types d’investissement, y compris les achats immobiliers effectués en France par les riches étrangers. Pas grand-chose à voir avec le rôle d’indicateur industrialo-économique que certains font endosser à cette donnée.

Et surtout, les IDE ne permettent pas de distinguer un achat d’entreprise ou une injection de liquidité da

via www.mediapart.fr

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