Ce ne sont pas les coups de matraques mais la confiscation de bâches par les CRS qui a mis fin la nuit dernière, vers 2 heures du matin, à l'éphémère occupation du parvis de la Défense à l'appel de plusieurs collectifs : les «indignés», Uncut France, Occupy France… Sous les gouttes de pluie de plus en plus drues, la quarantaine de manifestants encore en action tentent de se protéger vaille que vaille de l'humidité sous des sacs en plastique et des morceaux de toile. Mais toute forme d'abri, aussi précaire soit-il, est aussitôt arraché par les forces de l'ordre, tournant sans fin autour des « indignés », des lambeaux de plastique à la main. « Ils nous prennent les tentes, ils nous prennent toujours tout ! C'est le capitalisme. »
Quelques heures plus tôt, il y eut des coups de poing et de bouclier mais contre les tentes – environ une trentaine – que le groupe des campeurs avaient réussi à déployer au pied des marches de la Grande Arche. Cette installation suscita plusieurs charges des policiers, dont certaines assez musclées, pour les arracher des dalles. En fin d'après-midi, l'un deux avait prévenu : « Si vous ouvrez cette tente, ce sera considéré comme une occupation. » Si bien que les occupants passent une partie de leur nuit à la belle étoile, éclairés par les sigles lumineux des tours Areva, EDF, GDF-Suez et Ernst&Young. Au plus fort, de la soirée, on compte environ 700 personnes, maigre effectif pour prendre un si vaste espace.
Mais cela ne semble pas atteindre le moral des militants qui chantent, et dînent malgré la confiscation du caddie de ravitaillement – les sacs de fruits secs, de noix de cajou, les quartiers d'oranges et même des parts de pizza circulent non-stop. Les joints et les canettes de bière aussi. Vers minuit, sur un ton triomphal, une double annonce retentit au haut-parleur : « les Américains » visionnent le «live stream» (la diffusion vidéo en direct sur le Net) en masse ! Et le fil #occupydefense est le plus suivi de Twitter ! Applaudissements de joie dans la foule. Un voisin vérifie aussitôt sur son smartphone, et sourit, satisfait.
via www.mediapart.fr