Les enjeux cachés du duel Moscovici-Montebourg – Page 2 | Mediapart

Le projet de Banque publique d’investissement, c’est donc l’un des grands projets portés par François Hollande pendant la campagne présidentielle, qui vise, en s’adossant à des structures déjà existantes, comme le Fonds stratégique d’investissement (FSI), Oséo, CDC entreprises et peut-être la Coface, à doter la France d’une grande banque publique destinée à financer les projets industriels, notamment des PME, soit par des concours financiers, soit par des apports en fonds propres. C’est un projet très volontariste qui a pour ambition de pallier les carences des grandes banques privées, qui ont largement délaissé au fil de ces dernières décennies leur mission initiale, celle du financement de l’économie, pour s’adonner à des activités plus spéculatives et rémunératrices. Dans la campagne du candidat François Hollande, la BPI était donc présentée comme devant être un levier majeur pour enrayer le déclin industriel en même temps que l’envolée du chômage.

Dès la constitution du gouvernement, il était donc entendu que le pilotage de ce projet serait conduit en partage entre le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, et celui du redressement productif, Arnaud Montebourg. Cela coulait d’autant plus de source que les deux ministères exercent une tutelle partagée sur l’Agence des participations de l’État (APE), qui supervise toutes les participations publiques et qui sera donc au cœur de cette opération. Cela apparaît clairement dans les décrets d’attribution pris lors de la constitution du gouvernement. Dans le cas d’Arnaud Montebourg, le décret (il est ici) précise ceci : « Pour l'exercice de ses attributions, il a autorité, conjointement avec le ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur, sur le service à compétence nationale Agence des participations de l'État. »

Or, les choses déraillent très vite. Certes, quand, le 31 juillet, Pierre Moscovici fait publier par ses services un communiqué (il est ici) annonçant que le haut fonctionnaire chargé d’une mission de préfiguration de la BPI lui a remis un rapport, il prend bien soin de préciser qu’il supervise ce chantier « en étroite association avec Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif ». Mais par la suite, le même Arnaud Montebourg est mis sur la touche par son collègue, ainsi que par les dirigeants de l’APE qui ne l’informent pas des avancées du dossier. C’est le témoignage recueilli par Mediapart auprès de plusieurs hauts fonctionnaires de l’APE et du Trésor : dans les jours qui suivent ce communiqué du 3 juillet, une procédure exceptionnelle est mise en place, et aucun membre du cabinet d’Arnaud Montebourg n’est en copie des très nombreux mails qui sont échangés entre le cabinet de Pierre Moscovici et les directions financières de Bercy.

via www.mediapart.fr

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