Les économistes «atterrés» se divisent sur les vertus d’un fédéralisme européen – Page 1 | Mediapart

À gauche, la fracture n'est pas neuve. Mais elle se creuse à l'approche des élections européennes de mai 2014. La publication, mercredi, d'un nouveau livre des économistes « atterrés », ces universitaires critiques de l'austérité dans l'Union européenne (UE) (Changer l'Europe !, Éditions Les liens qui libèrent), confirme l'intensité des débats. Voici, en peu de mots, l'alternative : faut-il, pour provoquer la rupture, imaginer un fédéralisme européen d'un autre genre, plus démocratique, ou au contraire, revenir à la case départ, celle de l'État-nation, la seule à même de redonner des marges de manœuvre pour une politique de gauche ?

Au printemps, Cédric Durand, l'un des animateurs du mouvement lancé en 2010, en avait déjà surpris plus d'un en proposant à la gauche de « suspendre la question européenne », pour se concentrer, à l'échelle nationale, sur des chantiers prioritaires à ses yeux : l'emploi, le social (En finir avec l'Europe, La Fabrique). À l'inverse, dans l'un des chapitres du dernier livre des « atterrés », deux d'entre eux, Michel Dévoluy et Dany Lang, se prononcent pour une « planification fédératrice », avec des mécanismes démocratiques rénovés à l'échelle du continent, pour la sortie de crise.  

« C'est un sujet de discorde », confirme Michel Dévoluy, professeur à l'université de Strasbourg, qui reconnaît « ne pas être certain d'être majoritaire au sein du collectif », lorsqu'il préconise davantage d'intégration en Europe. « Mais l'adhésion est totale sur le diagnostic des difficultés que traverse l'Europe », prend-il soin de nuancer.

Les « atterrés » sont en effet unanimes pour dénoncer les évolutions institutionnelles impulsées depuis le début de la crise, vers ce qu'ils nomment un « fédéralisme tutélaire », qui place les capitales sous l'autorité d'institutions technocratiques, non élues. Dans le viseur, le « semestre européen »,  le « pacte pour l'euro plus », les règlements du « six pack » puis du « two pack », ou encore le « TSCG », autant de textes peu connus des citoyens, qui renforcent les pouvoirs de la commission et son influence sur la politique économique des États membres. Il s'agit officiellement de mieux coordonner les politiques des uns et des autres au sein de la zone euro.

Aux yeux des « atterrés », cette mainmise des institutions converties au néolibéralisme, à commencer par la commission de José Manuel Barroso, condamne d'avance toute possibilité de relance ou de mesure progressiste. « Le fédéralisme d'aujourd'hui entraîne la régression sociale », assure Dany Lang, maître de conférences à l'université Paris-13. Ce qui, dans la foulée, « mine la formation d'un sentiment d'appartenance à une entité soucieuse du bien-être collectif ». C'est déjà ce que décrivait au printemps Razmig Keucheyan dans le livre dirigé par Cédric Durand, préf

via www.mediapart.fr

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