C'est, en quelque sorte, une victoire de la rumeur et des
théories de la conspiration. Mercredi 27 avril, la Maison Blanche a rendu
public l'acte de naissance intégral de Barack Obama, en réponse aux demandes
répétées depuis deux ans d'une frange de la droite américaine qui prétend que
le président des Etats-Unis n'est pas né sur le sol national – et doit donc
être considéré comme un usurpateur. Bien qu'il n'ait jamais pu fournir la
moindre preuve de ce qu'il avance, ce mouvement des «birthers» (les nativistes), au départ marginal, est parvenu à
s'infiltrer au cœur du parti républicain et des médias conservateurs.Expression d'un ressentiment raciste à l'égard du premier président noir élu à
la Maison Blanche, ces accusations ont surtout permis à des politiciens
conservateurs sans scrupule de tenter d'abattre Obama par tous les moyens.
© Pete Souza/Maison-Blanche
Après Sarah Palin ou l'équipe de Fox News, le dernier en date à s'être rapproché des «birthers» est le candidat putatif aux primaires
républicaines, le magnat de l'immobilier Donald Trump. Généralement considéré
comme une figure médiatique plus proche du bouffon que du politicien sérieux,
il a pourtant surpris beaucoup de monde en reprenant à son compte les fables
sur les origines du président. Son objectif, qui est celui de la plupart des
candidats républicains aujourd'hui, est relativement transparent : tenter
de capter l'énergie et les voix du Tea Party, le seul courant de la droite américaine aujourd'hui
actif et mobilisé. Cette cour assidue envers une base plus proche de
l'extrême droite que du centre est symptomatique de l'orientation du parti républicain, qui recherche l'affrontement et la « pureté »
idéologique plutôt que les intérêts de son pays.Les médias et les politologues décrivent cette absence de
consensus en parlant de société polarisée, ou de polarisation politique. La
théorie veut qu'en proportion égale, le camp des conservateurs se soit déplacé
plus à droite, et le camp des progressistes plus à gauche ces dernières
décennies. À la vérité, si la droite s'est effectivement éloignée du centre
pour tendre vers son extrême, la gauche n'a pas connu la même évolution de son
côté.Une petite partie de la gauche s'est radicalisée, mais sa grosse majorité
s'est au contraire agglutinée au centre. C'est ce que décrit Sam Tanenhaus,
rédacteur en chef du New York Times Book Review, et très fin essayiste politique, dans son opuscule The
Death of Conservatism: «La
dynamique primordiale de la politique américaine, que l'on décrit ordinairement
comme la friction continuelle entre les deux principaux partis, est également,
à notre époque, une compétition entre l'idée de gauche du consensus et l'idée
conservatrice de l'orthodoxie.»Les deux premières années de la présidence d'Obama sont le
reflet de cette polarisation et de cet affrontement entre consensus et
orthodoxie. Si une partie du pays semblait mûre pour voir accéder l'actuel
Président à la Maison Blanche, une autre partie était disposée à le rejeter. On
pourrait presque écrire qu'à la révolution suscitée par son accession au
pouvoir, a succédé la contre-révolution du Tea Party. En dépit de son imagerie révolutionnaire, ce
mouvement est avant tout l'expression d'une profonde inquiétude.La crise
économique, survenue en même temps que l'accession d'un président noir à la
Maison Blanche, a déclenché un profond mouvement de rejet chez un grand nombre
d'Américains blancs et conservateurs. En moins d'un an, le Te
via www.mediapart.fr