Patrick Buisson, 61 ans, est « conseiller extérieur » de Nicolas Sarkozy. Le directeur du cabinet de sondages Publifact et directeur de la chaîne de télé Histoire est celui qui a proposé au Président de réinvestir les « lieux de mémoire ». Le Puy-en-Velay, d'abord (Le Mont-Saint-Michel devrait suivre).
Il n'a pas écrit le discours de Grenoble d'août mais ses idées l'auraient fortement inspiré et il n'est probablement pas étranger à la récente « chasse aux voix FN » du Président.
Nous avons retrouvé et lu ses articles écrits dans le journal d'extrême-droite « Minute ». Il y a passé au moins six ans, de 1981 à 1987. Patrick Buisson, grand enquêteur puis grand reporter, y dévoile ses idées politiques et ses obsessions, avec une jolie plume.
Si son auteur a probablement changé depuis, la lecture de ses articles de jeunesse n'est pas sans intérêt : Patrick Buisson faisait partie de la droite dure, certes, mais avec un très grand contrôle ce qu'il écrivait.
Même pas de sévices au quartier haute sécurité !
C'est l'un de ses premiers papiers à « Minute » : en janvier 1981, Patrick Buisson publie un article au surtitre vendeur : « J'ai visité “l'enfer” des quartiers de haute sécurité ». Le mot « enfer » est entre guillemets, parce que le journaliste s'apprête à démontrer que la réalité est « sensiblement différente ».
Dans un paragraphe baptisé « Ni hôtel, ni ghetto », il décrit les « QHS » :
« Rien à voir avec le Club Méditérrannée, certes. Rien à voir non plus avec les “ghettos d'extermination” complaisamment décrits par les enfants de la balle 9 mm [en référence à Mesrine qui se battait pour la disparition des QHS, ndlr]. »
Patrick Buisson interroge un médecin qui travaille dans ces quartiers. Lui demande si l'assistance médicale est suffisante. Dr Laurens « ricane » :
« Une sainte colère lui brosse l'échine, vu qu'avec une sinon deux visites de l'interne chaque semaine et le psy à la demande, il ne voit guère que les nurseries pour rivaliser dans ce domaine. »
Le journaliste trentenaire discute avec un détenu. Il se moque de la futilité de ses frustrations : pas de salle de sports, les séances télé sont interrompues en plein milieu du film, son courrier est parfois intercepté. « Des sévices ? Non, pas de sévices », lui répond le détenu. (Mais alors, de quoi se plaignent-ils ? )
Le journaliste conclut ainsi : ces quartiers « fournissent déjà le prétexte d'une nouvelle libéralisation du régime pénal appliqué aux autres délinquants. En attendant sans doute de servir d'alibi à l'abolition de la peine de mort ».
Les « gauchistes de la JOC » ? Des meurtriers
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