Le débat politico-médiatique semble se cristalliser autour du pouvoir d'achat, proclamé ennemi n°2 (après le chômage) des Français. Et ce débat se nourrit autant de ressentis que de chiffres. L'inflation, comme les calculs de pouvoir d'achat de l'INSEE, sont des agrégats globaux dont les Français se méfient car ils peinent à refléter la réalité de terrain. De même, il nous est très difficile de nous positionner par rapport à nos voisins européens: sont-ils atteint du même mal que nous ou s'agit-il d'un problème franco-français? Nos prix sont-ils plus chers qu'ailleurs? Si oui, dans quels secteurs? Le principal indicateur de comparaison de la richesse entre pays est le PIB/habitant. Si l'on se fie à celui-ci, nous sommes 16ème mondiaux mais surtout 11ème européens. Pas terrible… mais le PIB mesure-t-il bien le pouvoir d'achat des ménages? Pas vraiment et c'est bien pourquoi Nicolas Sarkozy avait demandé à une commission au casting prestigieux (Stiglitz-Sen-Fitoussi) de plancher sur d'autres indicateurs de richesse que le PIB. Celle-ci demandait que soient établis des critères de comparaison entre les pays qui aient plus de lien avec la «réalité vécue» (sic). Sur ses recommandations, l'INSEE vient de sortir une étude qui mesure la "consommation effective" des ménages en Europe. Vous allez enfin savoir si vous deviez envier votre voisin germanique et sa grosse BMW, jalouser le britannique et ses costards ou avoir pitié du Grec et de son ouzo. Ou encore savoir si on est vraiment «le pays où la vie est plus chère».
La consommation effective
Pour mesurer la richesse nationale, on utilise en général le fameux PIB. Pour permettre la comparaison entre les pays, on le divise par le nombre d'habitants. Et pour avoir une idée plus précise de la richesse "réelle", on pondère le résultat en l'exprimant en "parité de pouvoir d'achat" (PPA). Cela veut dire que si je suis "riche" (au sens du PIB/hab) mais dans un pays où tous les prix sont très élevés, je le suis peut-être moins qu'un "moins riche" dans un pays où les prix sont très bas. A ce petit jeu, la France est classée 11ème sur 27 dans l'Union européenne. Pour 2009, si 100 est la moyenne de PIB/hab en PPA, la France est à 108, loin derrière le Luxembourg (271 !), distancée également par les Pays-Bas (134), l'Irlande (127) ou l'Autriche (124).
La mesure publiée par l'INSEE, nommée «consommation effective», intègre la consommation des habitants des pays, là encore ajustée en PPA. Surtout, elle additionne à la consommation que les citoyens payent sur leurs revenus ce que l'Etat (y compris les collectivités locales ou la Sécu) paye pour eux et qui peut être affecté à titre individuel : les allocations logement, les remboursements de dépenses de santé ou encore d'éducation par exemple. Sont exclus des dépenses étatiques les prestations non gratuites (fournies par les entreprises publiques) et celles qui sont à visée collective (les routes par exemple). Ce calcul permet de mieux cerner le pouvoir d'achat effectif puisque le niveau de prise en charge de certaines dépenses par l'Etat varie fortement d'un pays à l'autre en fonction du modèle social. Si les revenus des ménages sont moins élevés mais que la collectivité prend en charge plus de choses, le niveau de vie pourra être le même.
Voici le graphique qui compare le PIB/hab en PPA et la consommation effective par habitant en PPA pour quelques pays de l'UE. Le base 100 est la moyenne de l'UE à 27:
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