Le Mexique protège le cartel de Sinaloa, assure la journaliste Anabel Hernandez | America Latina (VO)

Les Mexicains subissent une "fausse guerre contre le narcotrafic", assure la journaliste Anabel Hernandez, qui vient de recevoir le prix annuel de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA).

Après cinq ans d’investigation, Anabel Hernandez est convaincue que "le gouvernement mexicain protège le cartel de Sinaloa", tout en réprimant les trafiquants des autres cartels de la drogue.

A l’époque où le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre) était au pouvoir, les autorités toléraient et contrôlaient l’activité des divers gangs, chacun dans leur territoire.

Lors de l’alternance politique, en 2000, quand le Parti d’action nationale (PAN, droite) a remplacé le PRI à la tête de l’Etat, cet équilibre s'est brisé.

"Sous la présidence de Vicente Fox, puis de Felipe Calderon, le cartel de Sinaloa a bénéficié d’une protection spéciale", confie la journaliste mexicaine, de passage à Paris.

Après sa fuite de prison, en janvier 2001, le chef du cartel de Sinaloa, Joaquin "El Chapo" Guzman, est devenu le "narco" le plus puissant et le plus riche au monde. Une fortune remarquée par le magazine Forbes et une puissance de feu imbattable.

"Le régime le plus répressif de tous les temps est le pouvoir de la délinquance organisée et son mimétisme avec le pouvoir politique et économique du Mexique, grâce à un système national corrompu, en toute impunité, dénonce Anabel Hernandez. Combiné à une société endormie et divisée par l’indifférence ou la terreur, c’est le mélange parfait pour que ce régime pervers se maintienne et croisse."

Le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, a remporté l'élection présidentielle de juillet. L’idée que le retour du PRI à la présidence puisse favoriser une négociation pour stopper la spirale des violences "est une illusion", assure Anabel Hernandez.

Les affrontements en cours au Mexique ne se résument pas à des règlements de compte entre les cartels pour défendre leur territoire ou l’acheminent de stupéfiants vers les Etats-Unis. Le "chaos" actuel est le fruit de centaines de bandes, petites ou moyennes, qui contribuent à l’explosion de la criminalité. Cette fragmentation exclut la possibilité d’une négociation, estime Anabel Hernandez.

"Les Mexicains sont responsables de leurs malheurs, mais la communauté internationale ne saurait continuer à être indolente face à l’emprise du narco-Etat mexicain", ajoute-t-elle.

L’ouvrage qu'elle a écrit à la suite de son enquête, Los Señores del Narco (éditions Grijalbo, Mexico, 2010), lui a valu des menaces et des attaques contre sa famille.

Depuis dix ans, une centaine de journalistes ont été assassinés ou sont disparus au Mexique.

En cours de traduction en anglais, le livre d'Anabel Hernandez devrait paraître en 2012 aux éditions Verso (Londres).

via america-latina.blog.lemonde.fr

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