La gauche, Ségolène Royal, face au renouveau fasciste, le débat avec François Bayrou, note 9

Pour le "centre" et celles et ceux qui sont au "milieu", le résultat du premier tour de l’élection présidentielle les place au coeur de l’entre-deux tour. François Bayrou et celles et ceux qui ont voté pour lui peuvent regarder à droite, à gauche, voter, ou s’abstenir. A l’intérieur du Parti Socialiste, des leaders et des membres ont appelé à un dialogue avec ce "centre", et avec François Bayrou. Que ce soit pour continuer à exister, par un nouveau temps de parole inhabituel pour un candidat parvenu en troisième position, ou par désir sincère de rencontrer les vainqueurs du premier tour, François Bayrou a accepté la proposition de Ségolène Royal d’un débat-dialogue filmé, audible, visible, pour tous. C’est chose faite désormais. Peine perdue pour Sarkozy et consorts, il a eu lieu, malgré eux. Sur les thèmes de la réforme constitutionnelle, de la construction européenne, du programme économique et de la vie des citoyens, l’un et l’autre ont exposé leurs projets MAIS le dialogue réel, de l’un à l’autre, questionnant, élaborant ensemble une réflexion, a rarement eu lieu, autant par la structuration du débat, "animé" par les journalistes et leurs questions, que par l’inhabitude foncière des politiques, de toute appartenance politique qu’ils soient, au dialogue. Or l’un et l’autre ont, sur le thème des réformes institutionnelles, constater leurs convergences connues et évidentes, et d’une grande importance, et ont justifié cette nécessité d’une réforme institutionnelle par la mise au coeur de la démocratie française du dialogue de tous avec tous, et d’un dialogue libre, y compris dans et via des médias dont ils ont dénoncé le contrôle par un petit nombre de personnes. Pour l’un et l’autre, cette concentration des médias doit être stoppée, et l’indépendance journalistique et médiatique doit être élaborée et structurée (comme celle du CSM pour Ségolène Royal). Jean-Jacques Bourdin, de RMC Info, a même fini par reconnaître que sa rédaction avait pu subir des pressions, mais, bien entendu, ils n’y ont jamais cédé… ! François Bayrou a continué d’exposer ses "idées" comme s’il était en situation d’être élu, alors… Et lorsqu’est venu le moment de la confrontation sur le programme économique, tant attendu par quelques-uns afin de bien mesurer les divergences, François Bayrou a exposé des analyses classiques de la droite, concernant les 35 heures et les retraites. Lorsque Ségolène Royal lui a répondu avec précision, il a pu approuver, d’un mot ou surtout d’un hochement de tête, mais sans aller jusqu’à l’expression claire d’un accord. Une seule fois, sur un sujet qui le concerne et qui concerne notamment sa mère, il a jugé opportun et nécessaire de revaloriser les retraites les plus modestes, et notamment des femmes seules – mais aucun des deux n’a pris le temps d’évoquer une harmonisation juste des retraites, par la diminution des pensions de celles et ceux qui perçoivent des retraites trop élevées… Ségolène Royal a tout de même été plus claire et ferme sur ce sujet, en expliquant que la loi Fillon sur les retraites méritait d’être mis à plat, parce qu’elle est injuste.

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Cath
18 années il y a

Bonjour Grell
J’ai suivi et apprécié ce débat. Mené avec un sympathique respect de part et d’autre, et une sincère fermeté sur les sujets divergents… ah, si la politique pouvait se mettre à montrer ce visage.
Le visage de gens intelligents et honnêtes, respectueux de l’autre, de leur audience, de leur pays…
Peut-être suis-je une idéaliste, mais je fais un rêve moi aussi !
Bien à toi

grellety
18 années il y a

Oui, mais je suis certain de ne pas être partial en estimant qu’elle a été plus respectueuse de lui qu’il ne l’a été d’elle, ainsi que vis-à-vis de nous, car lorsqu’ils ont abordé le programme économique, le contrat et le droit du travail, les retraites, elle a été plus précise pour justifier la nécessité d’une justice sociale, avec une valorisation du salaire minimum et des plus petites retraites, ce qu’il lui a accordé. Par contre, il s’est obstiné sur un « dogme » bien libéral et de droite selon lequel le privé est plus capable de proposer des services d’intérêt général, comme lorsqu’il a parlé de la caution bancaire – et qu’elle lui a reproché de vouloir encore enrichir des sociétés d’assurance.
Enfin, elle a bien expliqué que le nerf de toute notre « guerre » économique est l’emploi et que le chômage de masse est une faute contre un droit fondamental des citoyens mais aussi contre les deniers de l’Etat, contre la dette, puisqu’un retour massif à l’activité rémunérée bénéficiera à l’ensemble de l’économie française. OR le privé seul n’est pas capable, même avec un droit du travail détruit, de parvenir à ce résultat. Sur ces points, il y a eu dialogue, mais il n’y a pas eu compréhension, faute de temps, mais aussi d’une réelle bonne volonté, je pense qu’elle l’avait, je suis plus circonspect le concernant. Depuis quelques jours, ses propres amis députés UDF et l’UMP l’insultent, ou quasiment, et il propose de dialoguer avec Sarkozy. Si cela devait se faire, sera t-il aussi sévère dans son regard qu’il l’a été avec Ségolène Royal ? Franchement, les adeptes du choix-non-choix n’ont pas du tout ma sympathie…

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