Bien
que visiblement fatigué, se remettant d'une «bonne crève», l'orateur
Mélenchon semble avoir retrouvé le ton juste lors de son quatrième gros
meeting de candidat du Front de gauche, après le lancement de sa campagne, place
Stalingrad, la fête de l'Humanité, et plus récemment un discours devant
3.000 personnes réunies à Lorient. Ils ont été à peu près autant à
s'être rendus dans la salle de la Medoquine, dans l'agglomération
bordelaise.À mi-chemin entre «le bruit et la fureur» de l'année 2010 et la
posture quasi gaullienne de son discours de Stalingrad en mai dernier, coléreux sans être colérique, Mélenchon a certes emporté une salle
déjà conquise, mais il l'a fait avec un talent oratoire certain, parlant une heure sans
notes et avec moult doigts tendus et poings levés. Multipliant les
bonnes formules et les références historiques, avant tout à la Révolution française, il s'est montré offensif, parvenant à
captiver l'auditoire par un discours parsemé de formules efficaces.À propos de la crise: «Pour les puissants, le progrès, ce sont les
miettes qui tombent de leur table. Et plus ils ont à manger, plus les
miettes seront grosses… Voilà comment ils voient le monde!» Si la forme
est plus posée, le fond conserve ses accents plébéiens. «Sarkozy a comme
objectif de "lever le doute" des spéculateurs; nous, nous voulons leur
briser les reins!» À
propos du vote utile, le tribun Mélenchon ne cogne plus frontalement
sur le PS mais implore presque ses électeurs, là où avant il
s'emportait. «Si vous vous comportez comme des moutons, vous finirez
tondus!», explique-t-il. S'adressant aux socialistes, il espère autant
qu'il promet: «N'acceptez pas le choix que font vos chefs de vous
entraîner dans un chemin sans issue!»«Il
a le ton et les contenus justes», juge Olivier Dartigolles, attentif à ce
que le caractère collectif de la campagne soit préservé dans
l'aventure. «Il faut éviter les pièges de la personnalisation et
continuer à être vigilants, dans la continuité des belles estrades
unitaires de 2005. On doit être la camisole de Mélenchon»… Si l'homme
n'a jamais caché avoir un ego imposant, il montre aussi sa capacité à
le ranger. Dès la première phrase de son discours à Talence, il
dit ainsi: «Merci de ne pas avoir crié mon nom, car nous faisons une
campagne pour une cause infiniment plus grande que nous.»Sans
le PCF, le reste des formations présentes dans le Front de gauche
“pèse” à peine 15.000 adhérents. L'engagement des communistes sera
décisif pour qu'il soit présent sur tout le territoire. Au moins au début,
pour lancer la machine militante. «On entre réellement maintenant en
campagne, dit Dartigolles. Le PCF est vraiment rassemblé et ça va aller
crescendo. Avoir donné le choix aux militants et non imposer Jean-Luc
nous a été très profitable. Aujourd'hui, même le
via www.mediapart.fr