La planète, la modernité et nous (3/4). Leçons des mondes lointains – Page 1 | Mediapart

« Ce livre a pour sujet potentiel tous les aspects de la culture humaine, de tous les peuples dans le monde, au cours des 11 000 dernières années… »

C’est sans doute par un mélange d’ambition démesurée, d’érudition et de sens du récit que les ouvrages de Jared Diamond, biologiste et ancien président du WWF, sont devenus des best-sellers mondiaux, aussi stimulants que discutés, pour leur propension à accorder une place déterminante à la gestion de l’environnement naturel dans l’évolution des sociétés humaines ou pour leur tendance à interroger le destin de l’humanité au regard de situations particulières, de l’île de Pâques aux Mayas en passant par les chasseurs-cueilleurs de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Après avoir modestement cherché à savoir « comment les sociétés décident de leur  disparition ou de leur survie », dans Effondrement, et à connaître les raisons De l’inégalité parmi les sociétés en couvrant 11 000 ans d’histoire planétaire, Jared Diamond s’interroge aujourd’hui sur « ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles » dans son nouveau « petit livre », de tout de même presque 600 pages, Le Monde jusqu’à hier, publié chez Gallimard.

Avec pour but avoué de « comprendre les différences entre les sociétés » et d’en tirer quelques leçons pour nos conduites individuelles ou nos réformes structurelles, sans faire pour cela preuve de naïveté vis-à-vis des sociétés traditionnelles, puisqu’il écrit que « ce que nous apprend le monde d’hier, c’est, entre autres choses, d’être conscients de certains bienfaits de nos sociétés contemporaines, si dénigrées par ailleurs : les individus y sont débarrassés de la guerre chronique, des infanticides et de l’abandon des personnes âgées ».

Même s’il fait preuve d’une véritable empathie, que son sens de l’anecdote sait nous faire partager, pour les sociétés de chasseurs-cueilleurs, Jared Diamond n’épouse en effet jamais l’idée d’un homme intrinsèquement bon dans un état hypothétiquement originel. Il fait d’ailleurs débuter son ouvrage par une étude comparative des guerres traditionnelles, longtemps niées par les philosophies adeptes de l’image du « bon sauvage », et les guerres modernes, afin de relever que « la guerre de tranchées, les mitrailleuses, le napalm, les bombes atomiques, l’artillerie et les torpilles sous-marines produisent des taux de mortalité moyens dans le temps bien inférieurs à ceux causés par des lances, des flèches et des massues », notamment parce que la guerre entre États dure moins longtemps et parce que, dans ces sociétés traditionnelles, « tout le monde – hommes et femmes, adultes jeunes et âgés, enfants et bébés − est pris pour cible ».

Diamond part donc de la question de savoir « d’où vient notre actuelle fascination pour les sociétés traditionnelles », et d’une certaine tendance à idéaliser, dans un moment où le mode de développement de nos sociétés est non seulement prédateur pour la planète entière mais aussi synonyme de détresse et de solitude accrues pour nombre d’individus occidentaux, les communautés qui seraient, soi-disant, « plus proches de la nature » (voir l’entretien av

via www.mediapart.fr

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