« La Grèce, nouvel homme malade de l’Europe ? » – une réponse à Yannis Makridakis

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A tous nos amis grecs, à Yannis Makridakis,

 

Le 21 juillet dernier, le journal du Comité des Forges de notre temps, le Monde-Le

Temps, publiait votre texte, intitulé «la Grèce, nouvel «homme malade» de l'Europe.

C'est en tant que Français, infusé de mots et de pensées grecques, qu'ils et elles nous

viennent de l'Antiquité, et de ceux de votre temps, que je suis conduit à vous écrire,

vous répondre, et aussi vous contredire. Est-ce que la «Grèce» est le «nouvel

homme malade de l'Europe» ? J'avais cru comprendre que bien des Grecs (mais pas

tous) étaient malades à cause de «l'Europe», ou en tout cas, de cette

instrumentalisation de ce mot/image légendaire par une superstructure

technocratique-oligarchique-ploutocratique. De ce que je sais, par ce que m'en disent

des amis grecs, et quelques médias en qui nous pouvons avoir confiance, et ils sont

rares, tant de Grecs vivent quotidiennement, ou survivent, dans beaucoup de peines,

de souffrances, d'angoisses, et hélas, tant en meurent. C'est aussi pourquoi je ne

peux souscrire au fait que le «tissu social» serait déchiré. Une telle image implique

que des parties soient liées et associées. Or, est-ce que, «avant» la «crise» (on va

dire avant l'accélération de la paupérisation de la majorité civique, mais rappelons

que, avant, il y avait déjà ce que les médias et leurs «experts» appellent «la crise»,

mais la proportion de la population touchée était simplement insuffisante pour qu'elle

soit considérée comme suffisante…), et depuis «la crise», les dites parties sociales,

les plus riches grecs, les plus pauvres grecs, sont liés par un même tissu ? La

«nation» ? Mais où est cette abstraction sans cesse brandie par les propagandistes

patronauxgouvernementaux, si ce n'est dans un Ciel des Idées platonichien ? Qu'y a

t-il de commun entre les riches grecs qui n'ont jamais connu «la crise» et les plus

pauvres grecs qui l'ont toujours connu, de pire en pire ? Oui, il y bien un lien : de

cause à effet, parce que c'est par et pour les plus riches Grecs et du monde entier,

que «la crise» a été préparée, puis développée. Mais entre eux et nous, quel lien

pourrait exister ? Ils ne nous connaissent, nous ne les connaissons pas. Ils ne vivent

pas dans notre monde, si ce n'est dans des sphères fermées, invisibles, et protégées.

Ils sont au moins privé de cela, privé de ce qu'ils ne peuvent nous priver : le rapport

au monde. Et quand ils passent leur temps dans le monde des abstractions, l'espace

et le temps filent, et nous, nous avons les yeux ouverts sur. On ne peut donc pas

déchirer ce qui n'a jamais été uni : le «tissu social» est un tissu de mensonges, des

images par lesquelles ils nous gouvernent et nous contrôlent. Est-ce que nous

pouvons qualifier les mesures décidées et imposées par des gouvernements de droite,

puis par des gouvernements socialistes de droite, puis par un gouvernement Siryza de

droite, de «réformes» ? Quel mot ambitieux et grandiloquent pour leurs violentes

décisions toutes simples ! Est-ce que nous pouvons faire disparaître des emplois ?

Réjouissance ! Est-ce que nous pouvons exiger toujours plus du peuple ?

Réjouissance ! Est-ce que nous pouvons nous approprier toujours plus de biens et de

services ? Réjouissance ? Est-ce que nous pouvons avoir tous les droits sociaux et

économiques, comme au bon vieux temps de l'esclavage mondialisé ? Réjouissance.

C'est que, parmi un court laps de temps, dans cette Europe dont on dit tant de belles

choses alors qu'il s'agit de l'une des zones humaines parmi les plus barbares qui

soient, les citoyens ont eu, et de manière bien limitée, quelques droits,

«fondamentaux», qu'aucune science patronale atomique ne parvenait à casser. Ou,

même, peut-on dire, on a fait croire à ces citoyens qu'ils avaient de tels droits, alors

que, face au Droit des Droits et face à l'argent, rien n'a jamais tenu, durablement.

Nos pères, nos grands-pères, ont cru vivre des «progrès», parce que, dans le même

temps où se développait des techniques qui changeaient la vie, ils travaillaient moins,

ils gagnaient plus, ils respiraient un petit peu plus – et encore, tant respiraient à côté

de substances cancérogènes, toxiques, lesquelles les ont tué depuis longtemps. Mais

déjà, dans ces prétendus «30 glorieuses», combien ont été exclus ? Ceux de l'hiver

56 ! les colonisés, expatriés de force, pour servir de main d'oeuvre, et logés dans les

bidonvilles made in France ! Les colonisés, massacrés, humiliés ! Les ouvriers, tués

au travail, ou licenciés ! Alors que la réaction a ses torchons et ses pages de

propagande quotidienne, personne n'a encore compté et conté les crimes du

capitalisme, les millions de morts, entre les débuts de la Révolution Industrielle et

aujourd'hui. Cette VIOLENCE, fondamentale, des systèmes politiques, des pays, des

dirigeants de nos pays, aura été au coeur de son Histoire jusqu'à nos jours, et, nos

jours, elle continue. C'est bien de cette VIOLENCE des dirigeants si portés à changer

les louanges de la «démocratie» quand, avec constante, ils écrasent les «droits» des

citoyens, dont vous parlez dans votre texte concernant le peuple grec qui travaille à

survivre. Est-ce que cette nouvelle étape de la dictature européenne constitue «un

coup de grâce à la société grecque» ? Les amis le disent : la vie, quotidienne, devient

infernale. Mais la vie est là. Vous êtes là. Le référendum (…)

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