La Grèce poursuit sa descente aux enfers. Alors que les ministres des Finances de la zone euro se penchaient hier sur les «avancées» réalisées par le pays, le gouvernement hellène présentait au même moment un projet de budget 2013 plutôt alarmant. Et dont les objectifs ont fortement dérapé en à peine un mois.
L’économie grecque devrait ainsi connaître une nouvelle récession de 4,5% l’an prochain (contre -3,8% prévus début octobre), qui succède à un dévissage de 6,5% du PIB cette année. Il s’agira de la sixième année consécutive de contraction de l’activité, conduisant, au total, à une chute de près d’un quart de la richesse nationale depuis le début de la crise. Quasiment une économie de guerre…
Salaires. Plus inquiétant encore : la dette du pays devrait exploser, pour atteindre 189,1% du PIB en 2013 – soit 346 milliards d’euros – contre 179,3% initialement prévus. Un dérapage qui devrait remettre en cause l’objectif d’une réduction de la dette à 120% du PIB d’ici à 2020, à la suite de la décote concédée sur leurs créances grecques par les prêteurs privés en février. D’un montant de 9,4 milliards d’euros, le déficit, lui, devrait atteindre 5,2% du PIB en 2013 (après 6,6% en 2012), contre un objectif de 4,2% au début du mois. Entre autres raisons de cette sortie de route : la fonte des recettes fiscales liée à la récession. Après 49 milliards d’euros engrangés en 2011, puis 47 milliards cette année, le fisc grec ne devrait récupérer que 44,3 milliards d’impôts en 2013. Soit une chute de près de 10% des recettes fiscales en trois ans… Au plan social, le gouvernement, étrangement optimiste, prévoit un taux de chômage de 22,8% en 2013. Un objectif difficilement atteignable, dans la mesure où il culminait déjà, en juillet, à 25% de la population active…
Et puisque la potion de l’austérité semble si bien fonctionner, le remède sera réadministré l’année prochaine. Le pays s’engage ainsi à baisser ses dépenses publiques de 9,4 milliards d’euros en 2013, dont 7,6 milliards de coupes dans les retraites et les salaires. Au total, la Grèce promet de baisser ses dépenses publiques de 33,9%… A titre de comparaison, l’effort fait par la France l’année prochaine sur ses dépenses publiques, et considéré comme quasi historique, correspond à une diminution de 1 à 2% de l’ensemble de ses dépenses (suivant le périmètre retenu).
Ces énièmes coupes n’ont pas impressionné les grands argentiers de la zone euro, réunis hier en conférence téléphonique. Alors que le Premier ministre grec, Antonis Samaras, avait annoncé, mardi, avoir obtenu un accord avec la troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, et Union européenne) pour le versement d’une nouvelle tranche d’aide de 31,5 milliards d’euros – afin d’éviter un défaut de paiement à la mi-novembre -, la Commission européenne l’a sèchement démenti hier. Et de renvoyer l’examen du «programme d’ajustement» à la prochaine réunion du 12 novembre. «Nous appelons les autorités grecques à résoudre les questions en suspens, de façon à rapidement finaliser les négociations avec la troïka», indiquait ainsi, laconique, un communiqué de Jean-Claude Juncker, le chef de l’Eurogroupe.
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