La Grèce au JT : de la révolte invisible à la nécessaire austérité – Acrimed | Action Critique Médias

Une mobilisation sociale de grande ampleur est actuellement en cours en Grèce. Les Grecs protestent contre l’imposition – par la troïka que composent le Fonds monétaire international, l’Union européenne et la Banque centrale européenne, avec la participation du gouvernement grec – d’un nouveau plan de rigueur, impliquant des coupes massives dans les dépenses publiques, une hausse de la TVA, et de nombreuses privatisations, contre l’octroi d’un prêt. Nous avons voulu rendre compte de la manière dont les journaux télévisés de TF1 et de France 2 ont informé sur ce mouvement social. Ont-ils donné les moyens aux téléspectateurs de comprendre les raisons de cette colère et de s’approprier les enjeux de cette mobilisation ? Ont-ils permis d’ouvrir un débat politique sur la dette, son origine et les moyens trouvés (ou imposés) par les États et les institutions supranationales pour y faire face ?

Le mouvement social dont il est question ici, où convergent les syndicats traditionnels et les occupants de la place « Syntagma » (sur le modèle des « indignés » espagnols), est parvenu, dès la fin du mois de mai, à rassembler des centaines de milliers de manifestants. C’était notamment le cas le dimanche 5 juin, non seulement à Athènes mais dans des dizaines de villes grecques. Depuis, les manifestations et les occupations se succèdent, posant la question de l’origine de la dette grecque [1] et affichant le refus de laisser détruire, au nom de cette dette, les acquis sociaux et les services publics.

On avait pris la peine de rappeler il y a quelques semaines, à propos du retour de Manuel Zelaya au Honduras, le théorème de Jean-Pierre Pernaut : « Vous voulez des nouvelles sur le Venezuela ? Regardez la chaîne vénézuélienne. Sur le Soudan ? Regardez les chaînes africaines » [2]. Ce retour avait en effet été en bonne partie invisibilisé par les médias français, pressés d’oublier un pays à propos duquel ils ne s’étaient guère honorés quelques mois auparavant. On aurait pourtant tort d’imaginer que la tendance des médias à se désintéresser des conflits sociaux, et plus encore lorsque ceux-ci concernent les pays étrangers [3], se réduirait à la personne de « JPP », aussi symptomatique soit-elle de la sous-estimation de l’information sociale et internationale.

Celui-ci n’avait fait qu’exprimer une « loi » qui gouverne les journaux télévisés, renvoyant à la place qu’ils occupent dans le champ médiatique et à la fonction qu’ils exercent, parfaitement décrite par Pierre Bourdieu : « Une part de l’action symbolique de la télévision […] consiste à attirer l’attention sur des faits qui sont de nature à intéresser tout le monde, dont on peut dire qu’ils sont omnibus – c’est-à-dire pour tout le monde. Les faits omnibus sont des faits qui, comme on dit, ne doivent choquer personne, qui sont sans enjeu, qui ne divisent pas, qui font le consensus, qui intéressent tout le monde mais sur un mode tel qu’ils ne touchent à rien d’important » [

via www.acrimed.org

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