Le Front national, tout auréolé, ce lundi matin, de ses deux postes de conseillers généraux obtenus lors de la redoutable bataille des cantonales, et de son impressionnant résultat de 11.6 %, se voyait déjà, en vainqueur potentiel du suffrage suprême, en 2012.
Mais, pour atteindre cet objectif, il est habituellement reconnu qu'il est préférable d'avoir des propositions économiques et budgétaires (il n'y pas que l'immigration, l'islam et l'insécurité dans la vie !) qui rencontrent l'approbation majoritaire de nos concitoyens.
On savait déjà que ces volets "mineurs" de la politique (l'économie, le social et le budget – incluant la fiscalité) n'étaient pas vraiment la tasse de thé du FN et de sa présidente, plus prompts à réagir sur l'invasion venue de l'étranger, la progression des assassinats, et les prières dans la rue (qui, eux, sont des problèmes majeurs, qui touchent des dizaines de millions de français, tout le monde le sait)…
Cette faiblesse, au-delà des interventions parfois maladroites de son leader, se traduisait également par le mutisme "à rallonge" de son site officiel (toujours "en construction", depuis des mois et des mois , malgré des promesses de mise en ligne répétées). Vous remarquerez que les rédacteurs ont une notion très élastique des "quelques jours"…
Pourtant, cadres, adhérents et sympathisants du FN, demeuraient persuadés du succès populaire de leurs "idées économiques" (on ne peut donc pas vraiment parler de "programme"), en particulier les deux points essentiels : le retour au franc et la sortie de l'UE… Je ne m'arrêterai cependant pas sur l'opportunité aléatoire de telles mesures (il ne suffit pas de citer un prix Nobel décédé, pour forger un programme viable).
Car, aujourd'hui, la douche froide vient directement… des citoyens. Un sondage BVA pour Les Echos, France Info, et Absoluce, publié ce matin, montre l'opposition massive des électeurs à ces propositions du FN.
Les chiffres sont sans appel : 82% des Français disent non à la sortie de la zone euro et donc au retour du franc (en plus, quatre électeurs du FN sur dix seulement, veulent revenir au franc) et 84% écartent l’hypothèse d’une sortie de la France de l’Union européenne !
Morale de l'histoire : il ne suffit pas d'être "installé" dans le paysage politique nouveau. Désormais, il va falloir répondre réellement aux attentes des Français, qui ne semblent pas obligatoirement prêts à tolérer toutes les thèses populistes que le FN voudrait faire passer…
On remarquera aussi que cette enquête contredit la théorie d'un "vote d'adhésion" aux idées, chères à Marine Le Pen…
via www.lepost.fr