Madoff plus grand escroc de l'histoire? Pas évident, car il y a de la concurrence dans le secteur. D'abord, les estimations initiales ont été revues à la baisse et la pugnacité du liquidateur nommé dans l'affaire permet de récupérer des sommes importantes. On apprend aussi que Madoff avait un homologue en Russie, en version plus bas de gamme. Et puis il ne faut pas oublier Michael Milken, inventeur des junk bonds dans les années 80 avant de prendre dix ans de taule et qui aurait en partie inspiré le célèbre personnage de Gordon Gecko dans Wall Street. Ni Nick Leeson, l'homme qui fit couler la vénérable Barings avec une paume de 1.4 Mds$. Somme depuis surpassée par notre Kerviel national qui, lui, n'a pas réussi à faire sombrer la SocGen. Et puis, pour rester en France et dans le domaine de la fraude pure et dure, il y eut au début du siècle l'affaire Stavisky, escroc qui finit déclencher une tempête politique. Mais le précurseur et l'inspirateur, c'est Charles Ponzi qui a inventé la pyramide éponyme qu'a utilisée Madoff. Spectaculaires et révoltantes ces affaires, mais un presque épiphénomène à l'échelle de la planète. Ce qui n'a pas empêché des économistes d'essayer de modéliser ce qui déclenche les comportements de fraude. Voir même de mettre en parallèle les cycles économiques, notamment les bulles, avec une pyramide de Ponzi.
La finance-Ponzi
Rappelons brièvement le principe très simple de la pyramide de Ponzi. On attire quelques investisseurs en leur faisant miroiter des rendements très importants, en tout cas nettement supérieurs au marché. L'appât du gain aidant, un 2ème cercle d'investisseur apparaît et leur argent permet de payer les rendements promis au premiers. Et ainsi de suite. Les nouveaux entrants doivent être de plus en plus nombreux pour permettre au système de tourner, ce qui explique la forme pyramidale. Quand la base de celle-ci devient trop large et qu'il n'est plus possible de trouver de nouveaux investisseurs (ou si la combine est éventée), le système s'effondre. Et les derniers investisseurs perdent toute leur mise. C'est ce qui s'est passé dans l'affaire Madoff.
Or, que se passe-t-il lors de la formation de bulles spéculatives? Les investisseurs sont attirés vers une nouvelle classe d'actifs (les start-ups Internet par exemple) qui promettent des rendements nettement supérieurs au reste du marché. La valeur de ces actifs monte, attirant des investisseurs toujours plus nombreux, ce qui permet aux premiers entrants de réaliser de belles plus-values. Puis, une fois atteint le sommet, c'est le krach et les derniers entrants sont scotchés. Toublant, non? Si l'on élargit encore, on se rend compte que depuis 20 ans, l'économie et notamment la sphère financière s'est considérablement développée avec des taux d'intérêts bas et un crédit facile. Cette liquidité abondante a attiré des investissements énormes, alimenté des bulles (immobilières notamment) et toujours plus d'entrants, jusqu'aux ménages pauvres américains (via les subprimes). Jusqu'à l'effondrement et, là encore, des pertes notamment pour les derniers entrants (notamment les ménages américains expulsés ou les Irlandais ayant acheté au plus haut des prix immobiliers).
Elucubrations? Un économiste américain, Hyman Minsky
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