La fin du droit de grève

Une majorité de droite a ses obsessions, connues, et son rocher de Sisyphe. Sarkozy a promis à ses troupes et à ses électeurs qu’il sera, lui, le vainqueur, de ces luttes sociales anciennes, au profit de ceux et celles qui savent profiter. Car le droit de grève, comme la majorité des droits des salariés, "gêne" les entrepreneurs et les possédants. Les grèves dans les transports suscitent souvent l’ire des usagers-salariés, et cette majorité est bien aise de pouvoir se joindre à ce choeur supposé tragique. Désormais, l’offensive est connue : lorsque des salariés de la SNCF ou des professeurs de l’Education Nationale font grève, un "service minimum" permettra que le service quotidien, assuré par ces agents, le soit malgré tout, malgré la grève. Les agents de la SNCF ou de l’Education Nationale pourront faire grève, mais les choses se passeront comme s’il n’y avait pas de grève ! Donc, pour le Ministre, le Ministère, le Gouvernement, la Majorité, les agents pourront faire grève autant de temps qu’ils veulent, il n’y aura aucune gêne ni problème pour les maîtres des pouvoirs ! La grève, qui est un acte coûteux et pénible pour les travailleurs qui la décident, deviendrait sans effets ! Il s’agit donc, dans les faits, de la rendre impossible en la rendant sans intérêt, sans efficacité ! Ces dernières années, les grandes grèves massives ont eu lieu dans des secteurs publics, parce que, dans ces secteurs, les salariés bénéficient encore d’un environnement statutaire protégé, et ces grèves furent et sont rares dans le privé parce que les salariés vivent avec l’épée de Damoclès du licenciement ou du harcèlement moral. L’objectif du gouvernement et de cette majorité est donc clair : en s’attaquant aux secteurs dans lesquelles une grève massive et durable peut être déclenchée, afin de faire peser sur et contre un gouvernement et sa majorité le peu de forces dont disposent encore ces agents, il s’agit de réduire autant que possible toute condition de possibilité d’une grève en France… La fin d’une telle démarche consiste dans le retour au droit de l’esclavage -en 2012, pour la prochaine candidature du sieur Sarkozy ?