« La croissance se débine, la rigueur se pointe » alors que « la rigueur » nous est imposée depuis 2002 et plus encore depuis 2007 (suppression d’un fonctionnaire sur deux, etc) – Libération

Pourquoi la croissance française s’est-elle arrêtée ?

L’année avait commencé en fanfare, avec un PIB en progression de près de 1% au premier trimestre. Problème, ce chiffre était en grande partie dû à la reconstitution des stocks des entreprises. Ce qui, par définition, n’a qu’un temps, et ne s’est pas répété cette fois-ci. Parallèlement, la consommation des ménages s’est effondrée (- 0,7% contre + 0,4% au premier trimestre), en raison, notamment, de l’extinction progressive de la prime à la casse. Ajoutés à la stagnation de la production de biens et de services, ces deux phénomènes ont contribué, au final, à une croissance nulle au deuxième trimestre. «Un chiffre un peu décevant, avoue à Libération, et avec un certain euphémisme, la ministre du Budget, Valérie Pécresse. Mais en moyenne sur les six premiers mois, ça reste supérieur aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.»

Reste que ce taux se situe en dessous de la prévision initiale de croissance de 0,2% établie fin juin par l’Insee. Et touchera, du coup, la moyenne annuelle, prévue à 2%, et à laquelle croit toujours le ministre de l’Economie, François Baroin. «Compte tenu des signaux de ralentissement de l’activité en juillet, de soldes pas exceptionnelles, et d’un choc de volatilité sur les marchés […], la croissance moyenne sur 2011 se situera très probablement en dessous de 1,8%, plus près de la fourchette 1,5 – 1,7%», prévient pour sa part Philippe Waechter, économiste chez Natixis. Soit guère plus que le 1,4% enregistré en 2010. La France, surtout, s’écarte de sa tendance de croissance observée sur les dix dernières années, alors même qu’elle n’a pas comblé, à la différence de l’Allemagne, le «trou» de production dû à la récession de 2009. Cette nouvelle donnée, qui vient infirmer les prévisions initiales, pourrait-elle également contribuer à dégrader la note de la France ? «Toutes les agences de notation, malgré les rumeurs les plus folles qui ont circulé ces derniers jours, ont réaffirmé leur meilleure note à notre pays», rappelle Valérie Pécresse.

Quelles conséquences pour les finances publiques ?

La France a pris, jusqu’en 2013, des engagements de réduction du déficit auprès de l’Union européenne, établis sur la base d’une croissance de 2% cette année et de 2,25% en 2012. Le déficit public ne doit ainsi pas dépasser 4,6% du PIB en 2012 et 3% en 2013. Or moins de croissance, c’est moins de rentrées fiscales, donc plus d’efforts à faire sur les dépenses publiques ou les réductions de niches. C’est le message que le président de la République a fait passer mercredi, en évoquant de nouvelles mesures, dont la liste sera arrêtée le 24 août. Au menu : des réductions de niches supplémentaires (en plus des 3 milliards déjà prévus), voire des augmentations ciblées de certaines taxes. «Mais en aucun cas des hausses d’impôts généralisées, ni des suppressions de niches utiles à l’emploi», promet Valérie Pécresse. Une façon de sanctuariser la baisse de la TVA dans la restauration, qui représente pourtant, à elle seule, 2,4 milliards d’euros. Quant à l’une des plus grosses niches – les heures supplémentaires défiscalisées, 4,5 milliards -, «elle a permis de redistribuer du pouvoir d’achat aux salariés», insiste la ministre du Budget. Bref, «rien n’est tranché, pas plus les réductions de niches que les modalités d’une taxation des rémunérations extravagantes», assure Valérie Pécresse. Mais le tour de vis de la rigueur devrait être à la hauteur du décrochage de la croissance. Au risque d’alimenter un cercle vicieux, «où les coupes aveugles dans les dépenses aggravent la crise, en limitant la croissance et donc, in fine, les rentrées fiscales», dénonce le député socialiste et économiste Pierre-Alain Muet. Même sentiment à la CGT, où l’on juge «inadmissi

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