La crise est essentiellement bancaire : que se passe-t-il dans Target2 ? | Mediapart

Avec l’obstination et la monotonie d’un culbuto, la crise financière revient toujours vers son point de gravité : le système bancaire. On comprend facilement pourquoi en observant la situation qui s’est créée progressivement au sein de TARGET2, la chambre de compensation des banques centrales de la zone euro. La position excédentaire dont jouit actuellement l’Allemagne signale un déplacement massif de fonds de la périphérie de la zone euro vers son centre. Elle correspond également à un transfert du risque des acteurs financiers privés vers les institutions publiques, banques centrales nationales et, en dernier ressort, la Banque centrale européenne.

Certes, rien de tout cela n’est surprenant, la socialisation des pertes encourues par les banques étant au cœur de la mécanique implacable de cette crise de l’endettement, à partir du moment où les responsables politiques, par ignorance, pusillanimité ou sous l’influence des lobbys, ont refusé de porter le fer dans la plaie. Simplement, comme l’Espagne en fait actuellement l’expérience avec le cas Bankia, il arrive toujours un moment où le tapis n’a plus la capacité de dissimuler une montagne de poussière et où il faut procéder à un vrai nettoyage. Mais le temps perdu (pas pour tout le monde) se mesure en coûts économiques, sociaux et politiques dramatiques, et sans doute en partie évitables.

Les coffres de la Buba débordentLes coffres de la Buba débordent© Bundesbank

« Entre août 2008 et janvier 2012 (des données plus récentes ne sont pas encore disponibles), les banques allemandes ont coupé de 320 milliards d’euros leurs créances sur le reste de la zone euro. Pendant la même période, les créances nettes dans TARGET de la Bundesbank ont augmenté de 390 milliards », relèvent Sebastian Dullien et Mark Schieritz dans une contribution récente à Vox.Eu. Que s’est-il passé ? C’est complexe dans la pratique mais simple dans la philosophie.

Les banques allemandes, qui avaient financé avec enthousiasme la vie à crédit des pays périphériques (les “PIIGS” ou plus poliment les GIPSI’s) avant la crise, les exportations de leurs clients allemands et l’excédent commercial du pays en dépendant, ont tourné brutalement casaque. Privées d’un marché interbancaire qui s’est évanoui avec la crise et confrontées à des sorties massives de fonds privés (par dizaines de milliards d’euros en Grèce), les banques des pays débiteurs se sont tournées vers leurs propres banques centrales pour honorer leurs dettes vis-à-vis des banques créancières, allemandes notamment. Cet argent, les institutions financières allemandes l’ont déposé auprès de leur banque centrale, la Bundesbank.

via www.mediapart.fr

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