Kanak : la parole est d’art – Page 1 | Mediapart

« Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L'avenir doit être le temps de l'identité, dans un destin commun. » Il y a 15 ans, l’accord de Nouméa sur la Nouvelle-Calédonie, signé le 5 mai 1998, tentait de clore la décennie sanglante des années 1980, en particulier l’assaut sur la grotte d’Ouvéa entre les deux tours de la présidentielle de 1988, grâce à un texte singulier prolongeant les accords de Matignon, signés sous l’égide de Michel Rocard dix ans auparavant. 

Pour la première fois, la République y reconnaissait en effet en termes clairs les « ombres de la période coloniale » et soulignait que le territoire, dont la France avait pris possession le 24 septembre 1853, « n’était pas vide. La Grande Terre et les îles étaient habitées par des hommes et des femmes qui ont été dénommés kanaks. Ils avaient développé une civilisation propre, avec ses traditions, ses langues, la coutume qui organisait le champ social et politique. Leur culture et leur imaginaire s'exprimaient dans diverses formes de création ».

Cette culture et cet imaginaire sont visibles, jusqu’en janvier prochain, au musée du quai Branly, grâce à l’exposition « Kanak, l’art est une parole », qui constitue un geste fort, à la fois esthétique et politique, alors que la dernière étape du processus de décolonisation envisagé par l’accord de Nouméa doit s’ouvrir avec un (ou plusieurs) scrutin(s) d’autodétermination organisés entre 2014 et 2018, et le transfert des compétences de l’État qui n’ont pas, déjà, été progressivement données à ce territoire situé à près de 17 000 km de la France métropolitaine, peuplé d’un peu plus de 250 000 habitants.

Les deux commissaires de l’exposition, Emmanuel Kasarhérou, ancien directeur du Centre culturel Jean-Marie Tjibaou et l’ethnologue Roger Boulay, ont bâti leur exposition, et le catalogue qui l'accompagne, publié par les éditions Actes Sud, sur au moins trois axes marquants.

D’abord, en évitant d’exposer des ustensiles du quotidien pour privilégier des objets de grande qualité – bambous gravés, appliques de porte de case, flèches faîtières, haches-ostensoirs –, ils ont voulu montrer que l’Occident n’avait pas le monopole de l’art et de sa dimension universelle. À travers cette exposition, qui revendique une scénographie soignée valorisant la grande esthétique des pièces présentées, se dessine en effet un ensemble artistique, composé d’œuvres singulières, le plus souvent créées par des artistes et artisans, non seulement identifiables, mais reconnus comme tels, allant à l’encontre du préjugé que les sociétés dites traditionnelles seraient dépourvues d’auteurs.

Exposition temporaire : "Kanak, l'art est une parole". Du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014Exposition temporaire : "Kanak, l'art est une parole". Du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014 © musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde

Ensuite, en insistant sur l’importance de la

via www.mediapart.fr

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