Julian Assange, Liu Xiaobo, hommage à des citoyens contre des Etats-de-totalisation

Ils sont tous les deux en prison. Le premier l'est depuis quelques jours en Angleterre, à la grande satisfaction de Robert Gates, le secrétaire bushien à la Défense des Etats-Unis, et ce à la demande de la Suède. Le motif, le viol, comprend des sous-motifs, agression sexuelle, agression sexuelle portant atteinte à l'intégrité sexuelle. La loi suédoise sur le sujet est beaucoup plus souple et ample, ce qui tombe mal pour Assange. L'une des accusatrices se présente comme une admiratrice, qui lui avait proposé un hébergement à domicile. La question est simple : étant donné qu'Assange était DEJA au moment des faits un des principaux ennemis publics des Etats-Unis, et de quelques autres, l'admiratrice a t-elle été téléguidée afin de faire tomber Assange ou est-elle sincère, comme l'autre accusatrice, et peut-on parler de viol ? Quoiqu'il en soit et en sera selon la Justice suédoise, si l'Angleterre décide de l'extrader, Assange est dans la nasse. Et les ennemis de Wikileaks et de leur démarche de révélations de secrets mondiaux qui intéressent tous les citoyens sur l'ensemble de la planète, ont matière à se réjouir. Pas nous. Liu Xiaobo, lui, n'a même pas eu la chance d'aller de par le monde avant d'être arrêté. Il a vécu, depuis sa naissance, dans une prison à ciel ouvert, avant d'être réellement arrêté et emprisonné, parce qu'il est un des leaders des organisations citoyennes chinoises qui militent pour des libertés civiques et publiques réelles, pour mettre fin à l'Etat totalitaire chinois (qui n'est pas communiste, il suffit d'étudier les faits !). Ces citoyens sont d'un courage extraordinaire, alors qu'ils sont confrontés à un Léviathan, d'une puissance terrifiante, et qui ne supporte aucune critique, comme si ces fondements étaient fragiles. Les crimes de l'Etat chinois sont connus – et inconnus. Ses menaces régionales et mondiales sont connus – et peut-être inconnues. 

Pour les citoyens du monde, les menaces des Etats-de-totalisation sont désormais mondiales. Une union citoyenne mondiale, parallèle à l'ONU, est on ne peut plus souhaitable. 

Liu Xiaobo : 

"Liu Xiaobo est né dans le nord-ouest de la Chine, dans l’ancienne Mandchourie. A l’âge de 14 ans, il suit son père, envoyé en rééducation dans un village de Mongolie intérieure. Passionné de littérature, il entre à l’université à 21 ans. Pendant ses études de doctorat (qu’il obtient en 1988), il se forge une double éthique : rigueur intellectuelle et morale. C’est en suivant son exemple, pense-t-il, que la Chine évoluera. L’immense majorité des «intellectuels» de l’époque se montrent dociles ou n’ont pour ambition que de devenir, dans la plus pure tradition chinoise, des «conseillers du prince». Liu, qui cultive l’indépendance d’esprit, multiplie les essais fustigeant ses pairs. Ces provocations le rendent délicieusement célèbre dans le petit cercle pékinois. «Ses motivations sont à la fois altruistes et très individualistes», note Geremie Barmé. Médiation. Invité à enseigner à l’université américaine de Columbia, il n’y reste pas longtemps. Le mouvement des étudiants de Pékin, au printemps 1989, le ramène dans une capitale chinoise en pleine révolution. Un pouvoir divisé chancele devant les centaines de milliers de Pékinois qui manifestent contre la hausse des prix, la corruption des officiels, et réclament la démocratie. Il pressent une répression imminente et tente, avec d’autres intellectuels, une médiation entre le pouvoir et les étudiants en grève de la faim qui occupent la place Tiananmen. Deng Xiaoping fait envoyer les chars. C’est aux milliers de victimes de la répression qu’il dédiera son Prix Nobel de la Paix. L’échec du mouvement de Tiananmen le bouleverse. Liu signe de nombreuses pétitions et lettres ouvertes au président chinois. Il traverse un long tunnel jalonné de peines de prison. Dans ses moments de liberté, il débat avec ses amis, dans des salons enfumés, de la meilleure manière de démocratiser la Chine. Son épouse, la peintre Liu Xia, aujourd’hui en résidence surveillée, le cajole tout en sachant qu’il risque d’être arrêté à tout moment. Elle se résigne à le voir poursuivre son écrasant destin."

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x