En avril 1939, Fontenoy publie dans Le Journal un grand reportage en huit volets, «Au pays des crânes ras», qui prétend offrir «La vérité sur un camp de concentration» nazi. À Oranienburg, non loin de Berlin, dans l'enclos destiné aux opposants depuis le 22 février 1933, le journaliste français s'extasie: «Les SS sont, en vérité, des seigneurs.» En guise de conclusion, il raille un avocat qui se plaint de ne plus peser que 118 kg, alors qu'à son arrivée au camp il dépassait les 120 kg.
Stipendié par le futur ambassadeur Otto Abetz, grenouillant dans une presse vendue dont le livre donne idée jusqu'à la nausée, Jean Fontenoy devait fonder, à l'automne 1940, avec deux crapules d'extrême droite prénommées Eugène, Deloncle et Schueller (le créateur de L'Oréal), le MSR (Mouvement social révolutionnaire). Il les retrouvera au moment de la LVF (Légion des volontaires français contre le bolchevisme).
Durant l'Occupation, largement doté (il crée un mensuel financé par L'Oréal, Lectures 1940; il obtient de Pierre Laval la rédaction en chef de La France au travail), Jean Fontenoy fait parfois régner une terreur malsaine, signifiant à quelque résistant qu'il n'est pas dupe de ses absences. Il protège certes Lizica, son ex-épouse juive roumaine (le nazi français Fernand de Brinon agit de même avec sa femme Lisette, née Franck). Mais quand Lizica l'alerte sur le cas de celui qui fut leur ami, le poète Benjamin Fondane, interné à Drancy, il fait la sourde oreille. Interprétation du biographe: «Si bizarre que cela paraisse, il s'interdit d'intervenir par refus de se voir créditer d'un beau geste. Il ne souhaite plus être remercié de quoi que ce soit. L'abjection ne l'épouvante pas.»
Le 29 octobre 1943, Fontenoy, en quête d'un appartement parisien, écrit à Louis Darquier de Pellepoix, commissaire aux questions juives: «Plusieurs amis m'ont conseillé de rechercher un local laissé libre par des Juifs.»
De fait, ce document, présenté p. 443, tranche avec l'impression que Gérard Guégan cherche à parfois entraîner son lecteur vers les marécages des circonstances atténuantes:
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