Ingrid Bergman, Love renaissance – Culture / Next

«Si vous avez besoin d’une actrice suédoise qui parle très bien l’anglais, qui n’a pas oublié son allemand, qui n’est pas très compréhensible en français et qui, en italien, ne sait dire que "ti amo", je suis prête à venir faire un film avec vous», écrit à tout hasard Ingrid Bergman dans un télégramme à Roberto Rossellini, l’auteur de Rome, ville ouverte. En 1948, la comédienne, transfuge suédoise à Hollywood est au faîte de sa gloire outre-Atlantique et a triomphé dans Casablanca (1942). Ce coup de tête lui vaut une invitation en Europe et un tournage, celui de Stromboli, sur une île au nord la Sicile, où elle joue une réfugiée lituanienne mariée à un pêcheur italien et prise au piège sur cet îlot volcanique. Rossellini, alors en ménage avec la vedette transalpine Anna Magnani dont il a forgé la carrière, séduit Bergman et plie bagages. Cocue mais sanguine, Magnani se lance par vengeance sur une île voisine dans le tournage d’un nanar, Vulcano, de sorte que les deux films se tournent au même moment, face à face.

Abandonnant mari et enfant sur le sol américain, Ingrid Bergman, sanctifiée par l’industrie, devient persona non grata à Hollywood qui lui signifie son renvoi symbolique. «Cet épisode contient en germe toute la chasse aux sorcières du maccarthysme qui se profile. Le public américain, trompé, découvre que la fille qu’il a adoptée est une étrangère. Le miroir de la construction permanente de la star irréprochable se brise», résume François-Guillaume Lorrain, critique au Point et auteur du roman l’Année des volcans (1) chroniquant ce triangle amoureux.

L’affaire, à la fois européenne et américaine qui marque les prémices du star-system devient matière à un scandale planétaire qui fait couler beaucoup d’encre, soit 30 000 à 40 000 articles en quelques mois. «Le premier scandale du genre, confirme Lorrain. Il y a là du people, du politique, du passionnel. En Italie, tout le monde se lèche les babines de la triangulaire Rossellini-Bergman-Magnani, qui sont des personnages très romanesques.» Briseur d’un ménage savamment exposé dans la presse, Rossellini, artisan du néoréalisme, est aussi «un personnage duplice, trouble, manipulateur, qui a fait tourner en bourrique les producteurs hollywoodiens, bref, c’est le parfait voleur de poules», analyse Lorrain. Un camouflet insupportable pour le puritanisme naissant, chape de plomb qui va se déployer dans les années 50 sur le continent nord-américain.

Cet interlude italien chez Rossellini, avec qui elle tourne à cinq reprises (jusqu’à la Peur, en 1954), relance ainsi la carrière de Bergman en lui insufflant un virage européen. Une résurrection imprévue dont l’actrice aurait eu la géniale intuition. «Ce

via next.liberation.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x