C’est vraiment une politique fiscale injuste que dévoile, jour après jour, le gouvernement socialiste. Tournant le dos à la grande réforme promise pendant la campagne présidentielle pour instiller un peu d’équité dans un système qui, au fil des ans, est devenu gravement inégalitaire et avantage surtout les hauts revenus, les ministres des finances et du budget, Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, ont à l’évidence une stratégie cachée. Annonçant au compte-gouttes leurs mesures nouvelles pour 2014, ils préparent, mais sans le dire publiquement, un immense transfert de charges à l’avantage des entreprises, y compris des plus grandes, et au détriment des contribuables, y compris les plus modestes. En somme, en lieu et place de la « révolution fiscale » promise par François Hollande, c’est une contre-réforme qui prend forme. Et qui plus est, dans les pires des conditions, car le gouvernement ne joue pas cartes sur table et n’affiche pas clairement ses intentions. Disons-le brutalement : il y a même une part de duperie dans la façon dont les dernières mesures ont été annoncées.
Revoyons en effet le film fiscal auquel nous avons assisté depuis l’alternance, et celui qui s’est brutalement accéléré depuis le milieu de l’été.
D’abord, il y a eu la phase I, si l’on peut dire : sitôt installés aux commandes, au lendemain de l’élection présidentielle, les socialistes ont immédiatement oublié qu’ils avaient effectivement promis au pays une grande « révolution fiscale », visant à réintroduire de la progressivité dans le système français des prélèvements, système qui est devenu dégressif et qui avantage les plus riches. Cette révolution devait notamment prendre la forme d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée (CSG). (Lire : Mais où est donc passée la révolution fiscale ?) Résultat : la grande réforme n’a pas même été évoquée par Jean-Marc Ayrault, en juillet 2012, lors de sa déclaration de politique générale. Et dans la foulée, le gouvernement a décidé, à l’automne 2012, de maintenir en l’état les « niches fiscales » les plus scandaleuses, celles qui profitent aux plus hauts revenus au travers des systèmes de défiscalisation dans les DOM-TOM ou le cinéma. (Lire Le cadeau injustifiable que vont garder les ultra riches.)
Dans la même logique, le gouvernement a aussi oublié la promesse qu’il avait faite de rétablir l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dans l’état où il était avant que Nicolas Sarkozy ne le vide comme un gruyère. Car, pour finir, il a été décidé que le seuil
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