«Ils savent qu’il y a trois millions de chômeurs, dehors ?» – Page 1 | Mediapart

«L’automobile française tourne la page d’Aulnay», «L’usine PSA-Aulnay a fabriqué sa dernière C3»… Le plan communication de la direction de PSA-Peugeot a très bien fonctionné ce vendredi 25 octobre. En boucle, les médias ont célébré «Héritage», la toute dernière voiture sortie des lignes de production d’Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, cette usine condamnée à fermer en 2014, soit la première grande fermeture d’usine automobile en France depuis l’usine Renault de Boulogne-Billancourt en 1989.

Une centaine d’ouvriers ont marqué vers 7 heures ce moment symbolique dans l’atelier de montage en prenant la pose devant un photographe à côté de ce véhicule collector, qui ne foulera jamais le bitume et part directement rejoindre le musée du constructeur. En réalité, voilà plusieurs mois que les lignes de production sont à l'arrêt et que le site d’Aulnay, paralysé l’hiver dernier par une grève des ouvriers, a des allures de ville-fantôme. «Cette C3 a été fabriquée il y a des mois contrairement à ce que dit la direction, entre le 30 avril et le 25 juillet !», s’étrangle Jean-Pierre Mercier, le délégué CGT de l’usine.

Sur le site, ce vendredi matin, salariés et syndicats ont organisé «une contre-conférence de presse» pour dénoncer «un coup de com’ écoeurant» et «dire la vérité». Une autre vérité qui ne coïncide pas avec les chiffres de la direction qui se félicite, à longueur de communiqués, du bon déroulement du plan social. Selon PSA-Peugeot, le reclassement des salariés «avance». Neuf salariés sur dix, «c’est-à-dire 2 700 personnes du site, sont reclassés ou en cours de reclassement».

Faux, répliquent les syndicats y compris le SIA, le syndicat maison, qui décrivent l’envers d’un reclassement loin d’être exemplaire. Plus de 1 000 employés sur les 3 000 que comptaient le site ne sont toujours pas fixés sur leur sort. Ils errent dans les préfabriqués au coeur de l'usine «au pôle de mobilité professionnelle» où des tuteurs et des spécialistes du reclassement leur apprennent à faire un CV et une lettre de motivation pour certains, pour la première fois de leur vie à cinquante ans passés… Dans une ambiance délétère comme la direction sait en créer (lire ici notre reportage lors de la grève).

«C’est terrible pour le mental de passer des journées dans une usine quasi-morte à ne rien faire où l’on doit pointer à l’heure à 6h30 et attendre une demie-heure dans le noir avant que les lumières ne s’allument», avoue un salarié «épuisé mentalement» qui ne sait pas encore où et quand il va partir. Il pense que «la direction veut nous casser le moral pour qu’on craque et parte avant le 31 décembre (NDLR:date de la fin de la phase de départs volontaire avant une phase contrainte, pendant laquelle la direction doit proposer des reclassements en interne, avant l’envoi des premières lettres de licenciement le 1er avril 2014) ».

«La direction de Peugeot a monté cette opération de communication pour se mettre l’opinion dans la poche, dire “circulez, il n’y a plus rien à voir, Aulnay ferme, 90% des salariés sont reclassés ou en cours de reclassement, tout va bien, Monsieur le Président”», s’insurge Jean-Pierre Mercier. Le syndicaliste rappelle que le patron du groupe Philippe Varin avait promis à l’annonce de la fermeture du site, en juillet 2012, zéro licenciement mais 1.500 reclassements en interne et la création de 1.500 postes supplémentaires via l'installation d'autres industries sur la zone. Or c’est bien la perspective du chômage qui se profile pour nombre de salariés.

«Nous sommes très loin du compte. Seuls 700 salariés ont été reclassés en interne. 1000 personnes ont quitté le groupe. Beaucoup d’entre elles, parties pour des CDD ou une mission d’intérim, pointent déjà à Pôle em

via www.mediapart.fr

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