Hunt Sabotage, un témoignage

Chasse
à courre… Cela ne vous rappelle-t-il pas certains tableaux
de maître du 18 et 19ème siècle. Entre
temps la révolution française de 1789, a aboli les
privilèges dont la chasse à courre lors de la nuit du
04 août. Et pourtant, au contact de ces pratiquants, on se
demande si les temps ont changé. Qui plus est la violence
verbale (suivie d’un pas de violences physiques si la gendarmerie
n’était pas présente), menaces, luxe et argent
s’étalent : vans, camions hippomobiles, camionnette pour la
meute, maître d’équipage et autres participants vêtus
superbement : plastron, épingle à cravate surmontée
d’une perle, bottes de magnifique facture, selle de toute beauté,
fouet, cravache, admirables chevaux. Et ces gens du haut de leur
monture qui dominent, claironnent mais aussi qui sermonnent,
agressent les saboteurs comme si nous étions revenus au «
bon vieux temps », du temps de la noblesse et des gueux en bas,
à pied, à terre ! » Un maître d’équipage
tente de charger une jeune fille. Un membre du groupe des «hunt
sabs » n’en revient pas et traite le « noble » de
lâche. Ce dernier réplique d’un ton autoritaire et,
montrant son fouet prêt à être déroulé
lui lance de manière autoritaire qui ne demande aucune
réplique :

 «
Tu en veux un coup de celui-là ? »

Non,
non, nous ne sommes pas en 1768 ou 1785 mais en ce début de
21ème siècle dans une des campagnes de la
France nord. Le tutoiement permet de situer tout de suite la
domination. Et oui, c’en est ainsi en pleine forêt où
deux siècles sont passées et 4 révolutions –
en incluant la Commune de Paris en 1871 – et quelques mouvements
populaires d’envergure. Et puis, la valetaille s’y met aussi avec
des visages parfois hébétés voire avinés
mais combien sont-ils sagement fidèles à leur dévoué
maître.

Sans
faire de prosélytisme, les hunt saboteurs ont une déontologie
claire : « Etre non violent, non agressif et ne pas répondre,
notamment aux provocations ». Et, là il y aurait de quoi
alimenter les propos tellement les questions, remarques tournent vite
aux sarcasmes, aux injures, à la platitude des idées.
Tout cela sous tend la stupidité et les provocations. Le mieux
consiste à se taire et ne pas répondre car la vilénie
et la mauvaise foi sont souvent de mise. Deux mondes s’affrontent.
Celui de la sensibilité, du respect, du droit à la vie
par rapport à celui de la brutalité, de l’ignorance,
de l’égoïsme, de la violence.

Au-delà,
ne s’agit-il pas d’un conflit de classe…. ?

A
chaque fois, nous sommes environ une cinquantaine venus de Bretagne,
de Touraine, Dijon, Colmar. Des jeunes et moins jeunes convaincus du
bien fondé de la vie des animaux, de son respect, de sa
délicatesse, de sa superbe. Aucun ne devrait avoir le pouvoir
sur ces nobles créatures si minutieusement « élaborées
» par Mère-Nature. Il est tellement plus simple de faire
souffrir, d’anéantir, de faire mourir. Et pourtant, combien
existe-t-il de méthodes d’asservissement de l’animal en ce
début de 21ème siècle, dit de progrès
? Elles ne cessent de se développer et le machiavélisme
ne connaît aucune déontologie.

Mais
qu’est-ce que cette chasse à courre ? C’est suivre, traqué
pendant des heures un animal… C’est poursuivre un chevreuil, un
cerf, un renard, un lièvre durant plusieurs heures parfois. Au
fil de cette course poursuite aux sons des aboiements de la meute,
l’animal stressé contracte ses muscles. Epuisé, il
est mis à terre par les chiens. Ahuri, il sait et ressent ce
qui l’attend. La souffrance l’envahit depuis pas mal de temps à
courir à perdre haleine. La tétanisation de son corps
fait son travail dans ces muscles pourtant si bien huilés. Le
drame arrive ! Alors, l’indicible se produit. Achevé sans
ménagement, l’animal est donné en pâture à
la meute lors de la curée. Est-ce encore soutenable ? Est-ce
encore possible de voir de telles choses aussi ignobles et
insupportables aujourd’hui ? Dans un pays dit civilisé alors
que bien des pays ont aboli la chasse à courre : l’Allemagne
après guerre, l’Angleterre et le Pays de Galles récemment,
l’Ecosse en 2002, la Belgique en 1995. En France, elle est toujours
autorisée du 15 septembre au 31 mars ! Ce que veulent
désormais les « hunt sabs »et leurs sympathisants,
c’est une loi interdisant ce type de chasse en France.

Les
chasseurs se targuent de réguler la nature alors que depuis
tant de siècles, elle le fait elle-même et n’a pas
attendu la main destructrice de l’homme.

Mais,
il faut bien que quelques uns s’amusent, s’adonnent à leur
« sport » favori !

Sur
le terrain, nous courrons vers les chevaux. Nous crions. Les
mégaphones interpellent le maître d’équipage ou
ses sbires.

 «
rentrez chez vous ! la chasse est terminée. Nous partirons
seulement après »…

Des
échanges verbaux ont lieu. Alors, nous courons à
nouveau ou alors en fonction de l’allure des chevaux nous marchons
rapidement. Il ne faut pas les lâcher d’un poil et ce n’est
pas toujours facile. Alors, bientôt nous serons équipés
soit de vélos tous terrains soit d’une moto suiveuse de
manière à gêner le plus possible. Mais on n’agit
pas forcément contre certains principes. Nous avons eu droit
au contrôle d’identité avec un probable fichage aux RG
puis à la cellule anti-terroriste. Les mouvements et les actes
de défense des animaux relèvent désormais de
cette cellule.
D’autres groupes agissent principalement en France
nord. Il faudra du temps pour lutter contre cette barbarie qui touche
les cerfs, les chevreuils, les renards, les lièvres et même
dans un autre ordre d’idée le déterrage de blaireaux
alors que ces derniers sont protégés partout en Europe
sauf dans ce pays peu ouvert à la souffrance et à la
vie… Le groupe est constitué d’individus sensibles à
la condition animale et souvent végétariens,
végétaliens voire végan. Leurs actions se
déroulent pour la plupart d’entre eux à visage
couvert et vêtus de noir. Lors d’un sabotage, certains
véhicules ont été verbalisés. Bilan 135
euros ! Mais qu’importe ! Au pire, nous nous cotiserons. Une vie a
été sauvée et c’est bien là le
principal. Mais ce combat est à intégrer dans une
dimension plus large où des groupes se battent désormais
contre la vivisection, contre la corrida, contre l’hippophagie, le
foie gras… Quelques députés sont sensibilisés
à certains aspects de la condition animale et, courageux ils
luttent de toutes leurs forces. Des courriers sont envoyés aux
ministères. Des associations se créent comme «
droits
des animaux

». A propos de la corrida, par exemple, 60 villes espagnoles et
non des moindres comme Barcelone l’ont interdite et l’entrée
des arènes est désormais proscrites aux jeunes de moins
de 14 ans. En France, « l’Alliance anti-corrida » ou le
« CRAC » œuvrent afin de l’interdire aux moins de 16
ans car il s’agit d’un spectacle violent qui marque les esprits
et notamment les jeunes. Des sociétés d’expérimentation
animale sont harcelées principalement en Grande Bretagne mais
aussi dans une moindre mesure en France. La Fondation Brigitte Bardot
lance une campagne de publicité contre l’hippophagie. Seuls
trois pays consomment encore du cheval… vous savez cet animal dit «
noble ». Certains se mobilisent pour tenir des tables
d’informations contre le foie gras, lot de souffrances pour canards
et oies qui, arrivés sur terre, veulent tout simplement vivre
mais pas l’enfer alors que ces dernières sont fidèles
jusqu’à la mort.

Et
l’homme, dit supérieur ?…

Je
préfère voir courir, sauter un chevreuil, un cerf, un
lièvre ou un renard plutôt que de les voir mort. Leurs
souffrances, leur terreur, leur cadavre ne m’intéressent
absolument pas car  la beauté s’exprime dans la vie. Et
puis leur vie  leur appartient et l’homme n’a aucun droit sur la
leur. Je reprends une célèbre citation
"Mais
qu’on leur fiche la paix !".

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