Les éditions Agone publient une anthologie de textes et discours de l’historien Howard Zinn, décédé en 2010, regroupés sous le titre Se révolter si nécessaire. Une nécessité qui se fit sentir à plusieurs reprises pour cet « historien par profession et militant par vocation », fiché par le FBI qui le soupçonnait de communisme, et limogé par son université pour « insubordination » après avoir soutenu une grève étudiante.
Ce recueil percutant, qui propose notamment une relecture radicale du New Deal comme de la stratégie militaire américaine, prolonge le livre majeur de Zinn, A People’s History of the United States, écoulé à plus de deux millions d’exemplaires, ce qui en fait le livre d’histoire américaine le plus vendu. Un succès qui s’explique parce que « la façon inédite dont Howard Zinn a réussi à tirer les actions et les voix d’inconnus des profondeurs », dixit son ami Noam Chomsky, a permis à un grand nombre d’habitants des États-Unis de pouvoir se considérer, pour la première fois, comme des agents de l’histoire américaine.
« Je voulais raconter l’histoire du progrès industriel de la nation, non pas du point de vue d’un Rockefeller, d’un Carnegie ou d’un Vanderbilt, mais de ceux qui s’activaient dans leurs mines, sur leurs plates-formes pétrolières, qui furent estropiés ou tués en construisant des voies ferrées », expliquait Zinn.
En retraçant l’histoire de la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb à travers les yeux des « Indiens », ou en exhumant la grève des mineurs du Colorado de 1913-1914 et son égérie Mother Jones, l’historien a voulu redonner place aux femmes, paysans, immigrés, noirs ou peuples indigènes occultés ou violentés par l'histoire américaine. « L’histoire des changements sociaux est faite de millions d’actions, petites ou grandes, qui se cumulent à un certain moment de l’histoire. Jusqu’à constituer une puissance que nul gouvernement ne peut réprimer », écrit Zinn. Pour lui, « quand on invite le passé à parler, on ne veut ni du bavardage de la reconstitution pointilleuse, ni de la nostalgie des souvenirs ravivés. Ce que nous souhaitons, c’est que l’expérience du passé nous aide à répondre aux questions présentes ».
Howard Zinn en 2004
En faisant voler en éclats le récit national et les mythes fondateurs de la nation, y compris les plus consensuels comme la guerre d’Indépendance, la guerre de Sécession et même le New Deal, Zinn a œuvré à écrire une histoire qui ne soit pas simplement celle des gagnants et demeure consciente que, comme, l’écrivait Georges Orwell, « celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Et celui qui contrôle le présent contrôle le passé ».
Howard Zinn, qui se présentait comme « à mi-chemin entre un anarchiste et un socialiste », a été l’objet de la haine indéfectible de la droite américaine et au-delà, à l’instar de David Horowitz pour lequel « le misérable pamphlet de Zinn, A People’s History of the United States, n’a aucune valeur historique et c’est une tragédie nationale que tant d’Américains se soient laissé séduire. (…) Tous les écrits de Zinn n’ont jamais visé qu’un but&n
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