Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, accompagné de son ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif, a inauguré le 20 novembre à Fréjus, sur le site du Mémorial des guerres en Indochine, la stèle qui accueillera les cendres du général Marcel Bigeard. Une date qui n’est pas choisie au hasard, puisque, le 20 novembre 1953, est lancée « l'opération castor » qui vise à occuper la vallée de Diên Biên Phu au Viêtnam. L’éloge funèbre a été prononcé par l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, dont Bigeard fut l’éphémère secrétaire d’État à la Défense.
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Bigeard souhaitait que ses cendres soient dispersées au-dessus de Diên Biên Phu, où il avait combattu, auprès de ses camarades d’armes morts au combat. Après le refus des autorités vietnamiennes, le précédent ministre de la défense, Gérard Longuet, avait proposé à Nicolas Sarkozy de les transférer aux Invalides, avec les héros de la France. Mais une mobilisation citoyenne rappelant son rôle en Algérie et sa défense de la nécessité de la torture pendant cette guerre – un « mal nécessaire » – avait contraint les autorités françaises à se reporter sur Fréjus, site jugé plus consensuel.
L’État et un ministre issu des rangs d’un parti socialiste qui s’était opposé à la décision de Gérard Longuet, il y a seulement quelques mois, participent donc aujourd’hui à un hommage rendu à l’un des hommes incarnant la face la plus sombre de l’histoire coloniale française. Au cabinet de Le Drian, un proche de François Hollande, on justifie l'hommage officiel rendu à Bigeard par « la tradition et la continuité républicaine qui s'imposent à la fonction de ministre de la défense ».
Pas sûr que cela suffise à éteindre la polémique dans un contexte où la question de la reconnaissance des crimes coloniaux de la France a enflammé la droite après la reconnaissance officielle du 17 octobre 1961 (voir notre article) et où l’hebdomadaire Marianne se demande dans son dernier numéro : « De quoi la France doit-elle s’excuser ? Ce que l’Algérie aussi devrait reconnaître… ».
L’historien Alain Ruscio, spécialiste de l’Indochine, a été très actif dans la mobilisation citoyenne contre l’hommage officiel rendu à Bigeard, pour que, comme il l’expliquait dans une tribune récente « à nos enfants qui nous demandent : “Dis,
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