Galbraith : « Vous avez besoin d’un grand plan collectif d’assurance sociale » | Rue89 Eco

James Galbraith est un économiste américain, situé à gauche du parti démocrate. Il est professeur à l’université d’Austin, au Texas, spécialiste des questions d’inégalités et proche de l’Institut Roosevelt, cofondé par son père, le célèbre économiste John Kenneth Galbraith, dont il s’inscrit dans la lignée.

Selon lui, l’Union européenne ne pourra s’en sortir qu’en adoptant un vaste filet social financé par le budget européen, comme l’avait fait Roosevelt en 1933. Entretien décoiffant.

Rue89. L’économie américaine a redémarré, l’économie de la zone euro reste embourbée. Qu’ont fait les Etats-Unis que l’Europe aurait dû faire ?

James Galbraith. La réponse n’est pas compliquée : nous disposons d’un gros gouvernement fédéral à l’échelle du continent, ce qui n’existe pas en Europe.

Il reste aux Etats-Unis des problèmes sociaux, liés aux mesures d’austérité que nous appelons « séquestration » et de nombreuses personnes ont perdu leur emploi ces dernières années. Mais le système n’est pas en chute libre : il n’est pas dans un Etat de déclin non contrôlé.

Nous avons profité de l’effet stabilisateur d’importants déficits budgétaires au niveau fédéral. Nous n’avons pas cherché, à la différence de ce qui s’est passé en Europe, à les réduire de façon brutale. Ce n’est de toute façon pas possible en période de stagnation, car si vous coupez les dépenses publiques, la croissance est affectée et les recettes fiscales baissent… avec pour conséquence que le déficit reste le même.

C’est assez impressionnant de constater, quand vous vous replongez dans les chiffres de 2009, comment le recul de la demande privée a été compensé automatiquement par l’augmentation des déboursements pour financer les pensions de retraite, pensions d’invalidité, allocations chômage ou par les réductions d’impôts.

Le système économique américain serait donc, selon vous, plus keynésien que le système européen dans lequel il existe pourtant de larges filets sociaux ?

Sur le plan institutionnel, oui, je le pense. Et particulièrement si vous observez les pays périphériques de l’Europe, dans lesquels ces filets sont faibles. Le problème en Europe, c’est que vous disposez de tels mécanismes stabilisateurs en Allemagne, en France, mais pas en Grèce, en Espagne, au Portugal ou en Irlande. Et ces pays ont donc connu ces effondrements.

Qu’aurait-il fallu faire ? Un plan de relance à l’échelle européenne ?

Je n’aime pas le concept de « plan de relance », qui n’est à mon avis pas adapté à la situation. Ce dont vous avez besoin, c’est d’un plan de stabilisation. Un grand plan collectif d’assurance sociale. La première chose que je ferais, c’est de fournir des allocations chômage, financées par un budget européen commun. Puis, je procurerais des suppléments-retraite, financés eux aussi par le budget européen, destinés à ceux qui en ont besoin. Je distribuerais des bons alimentaires, par exemple dans les écoles des pays qui n’ont pas de cantines, comme c’est le cas de la Grèce. Des gens commencent à avoir faim : vous devez vous occuper de ces situations. Cela aidera à stabiliser la situation, à la fois sur le plan économique et politique.

L’idée du simple « plan de relance », selon laquelle il suffirait d’injecter de la monnaie pour revenir spontanément à la prospérité du plein emploi est un leurre. Ce n’est pas ainsi que l

via www.rue89.com

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