Gaffe, la démocratie ! Revoilà les «populistes»… – Libération

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Moi, je trouve qu’on ne les engueule pas assez, les ritals… Voilà un peuple auquel, en leur altruiste bienveillance, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, les marchésphynanciers et la Commission de Bruxelles font l’honneur de prêter un chirurgien de haut vol, ex-expert agréé chez Goldman Sachs, pour lui soigner sa crise économique, et qui, à peine plus d’une année après sa nomination à la présidence du Conseil, se voit jeté comme un malpropre ! Voilà un peuple qui, plus électoralement ingrat encore que ces fainéants ensoleillés de Grecs, plutôt que de se laisser amputer bras et jambes par le régime épatant d’une rigueur qui allait lui sauver la vie, choisit de se retourner contre ses bienfaiteurs. Et ce faisant, Basta cosi ! d’énerver l’Union européenne et la monnaie unique en élisant en nombre, en place de «Super Mario» Monti, de guignolesques jean-foutre, à seule fin, sans doute, de rendre leur pays «ingouvernable». Oui, vraiment, salauds de macaronis !

Evidemment, de mauvais esprits diront qu’il est bien temps de s’étonner de ce brutal accès d’«europhobie» transalpine, depuis le temps que l’UE elle-même, addition d’égoïsmes nationaux infoutus de se fédérer politiquement, socialement, économiquement, s’ingouverne… Ce qui m’étonne, moi, c’est qu’on s’étonne des résultats du scrutin dévoilé lundi, tout en le légitimant rétrospectivement, c’est-à-dire un peu tard, en feignant de découvrir qu’il était parfaitement prévisible. Quand je dis «on» – qui pour le coup et selon l’adage bien connu, «est un (vrai) con» -, je parle de nos gouvernants faillis (de droite ou «de gauche», mais tous membres du conclave libéral) et de leurs porte-parole éditocrates. Les uns et les autres, en effet, après nous avoir des années durant seriné la nécessité d’une rigueur incontournable, s’avisent soudain qu’il serait peut-être nécessaire de desserrer un peu la corde qui nous étrangle, avant qu’elle casse.

«Gouvernants faillis», «éditocrates»… Voilà bien les mots d’un «populiste», et tout à fait synchrones avec la résurrection de Silvio «Bogdanoff» Berlusconi et l’émergence simultanée des partisans de l’«ex-comique-qui-ne-fait-plus-rire-personne» Beppe Grillo. Berlusconi, Grillo… Tant de commentateurs, qui associent ces deux-là en Janus Bifrons, seraient plus courageux de poser tout de go la question de la suppression de la démocratie élective… Si le premier nous fut rendu fameusement familier par trop de condamnations en justice, le second fait encore bafouiller les gazettes. Grillo, «protestataire antisystème», assurément – lui-même le proclame et revendique -, mais sur quel mode ?

On en dispute en termes confus, tant le profil socioculturel des élus grillini correspond mal à celui de leur mentor (on dit aussi «gourou»), devenu, avec quelque 8,5 millions de voix portées sur son nom, le leader du premier parti d’Italie. On évoque sa rigide intransigeance, on lui suggère des complaisances néo-fascistes, tout en évoquant çà et là, en écho aux «Tutti a casa» et «Va fan culo !» du M5S, le «Vous ne nous représentez pas» des Indignados espagnols associant dans un commun opprobre Parti socialiste et Parti populaire («misma mierda»), le «Nous sommes les 99%» (de pauvres, contre les 1% d’affameurs des peuples) des manifestants d’Occupy Wall Street. Et bien sûr, à demi-mots, le «Que se vayan todos !» de la gauche latino-américaine et bolivariste que Jean-Luc Mélenchon a traduit dans son Qu’ils s’en aillent tous ! En y accrochant la candeur programmat

via www.liberation.fr

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