Si la grande majorité des Français a traversé une année 2010 déplorable, avec à la clef une stagnation ou une baisse du pouvoir d'achat, François Pérol, le patron de la banque BPCE, n'a pas franchement pâti de la crise. Sa rémunération globale est en effet passée de 461.884,10 euros en 2009 à 1.606.000 euros en 2010. C'est ce qui apparaît dans le « document de référence » que le groupe bancaire vient de publier pour l'année écoulée. Alors que le gouvernement cherche une mesure purement symbolique pour calmer la grogne salariale qui se propage dans le pays, et évoque en particulier une prime pour les salariés des groupes qui servent des dividendes à leurs actionnaires, la bonne fortune de l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée ne passe pas inaperçue. Pour lui, la majoration de ses salaires a atteint l'an passé… 347% ! Largesse inouïe d'un côté, austérité de l'autre…
Cette hausse était certes attendue. Mediapart l'avait révélée (voir notre article François Pérol triple son salaire), à l'issue d'un conseil de surveillance de la banque BPCE (créée lors de la fusion des Caisses d'épargne et des Banques populaires) qui s'était tenu le 24 février 2010 et qui avait décidé de tripler la rémunération annuelle de son président. A l'époque, cette largesse avait fait beaucoup de bruit. Car lors de son arrivée à la tête des deux banques, François Pérol avait d'abord joué la carte du dévouement et du désintéressement. Très critiqué par des syndicats qui contestaient les conditions de sa nomination voulue par le chef de l'Etat, et qui ont ensuite porté plainte pour prise illégale d'intérêt, au cœur d'une formidable polémique à la suite de son refus de saisir la Commission de déontologie, il avait riposté face à ses détracteurs en faisant valoir que seul son souci de l'intérêt général l'avait conduit à accepter la proposition de Nicolas Sarkozy d'aller, en service commandé, prendre les commandes des deux banques, pour les sauver d'une crise financière menaçant de les engloutir.
Lors d'une audition très tourmentée devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale, le 25 mars 2009, il avait ainsi cherché à faire
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